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Centenaire de la naissance de James Baldwin : "Il n'avait pas peur de dire la vérité aux gens de pouvoir", raconte Tara Phillips, directrice de La maison Baldwin

L'auteur et militant des droits civiques afro-américain James Baldwin aurait fêté ses 100 ans, le 2 août dernier. Pour lui rendre hommage, un festival en honneur sera organisé à Paris, du 9 au 13 septembre à Paris, par La Maison Baldwin, une organisation dirigée par l'écrivaine Tara Phillips.

Tara Phillips est écrivaine et est  la directrice de La Maison Baldwin
Tara Phillips est écrivaine et est la directrice de La Maison Baldwin
Crédit : Tara Phillips

6 septembre 2024 à 17h37 par Keisha MOUGANI

Écoutez Tara Phillips, écrivaine et directrice de La Maison Baldwin
Écoutez Tara Phillips, écrivaine et directrice de La Maison Baldwin

La Prochaine fois le feu, La Chambre de Giovanni, Harlem Quartet, etc. Dans les librairies, des classiques de l'auteur James Baldwin ainsi que des textes inédits, trônent sur les étals, à l'occasion du centenaire de sa naissance. 

Un autre hommage lui sera rendu du 9 au 13 septembre, à Paris, avec un festival organisé par La Maison Baldwin, une organisation qui a pour vocation de perpétuer l'héritage de l'auteur et activiste.

Il y aura un gala, des tables rondes, des expositions d'art, des ateliers d'écrivains et d'étudiants, des ateliers d'activisme et des visites guidées pour découvrir les lieux de prédilection de l'auteur quand il vivait à Paris. 

Une des figures majeures de la littérature afro-américaine et du mouvement des droits civiques 

Né à Harlem (États-Unis), en 1924, il grandit dans un foyer constitué de ses huits frères et soeurs, sa mère et son beau-père pasteur. Il prend conscience du racisme entre ses cinq ans et ses sept ans. "On va vite comprendre que pour une façon ou une autre, on est méprisable", confiait-il dans une interniew donnée en 1967, à la télévision canadienne. 

Adolescent, il est victime de violences racistes et se réfugie un temps dans la religion, entre ses 14 et 17 ans, période à laquelle il devient prêcheur, avant de découvrir quelques années plus tard, la contre-culture de Greenwich Village (un quartier de New York).

Il abandonne alors la religion pour se consacrer pleinement à la littérature. C'est à cette période qu'il commencera à écrire l'oeuvre semi-autobiographique, Go Tell It On the Mountain, (La Conversion) en français, qui paraîtra en 1953.  Le jeune homme commence à écrire des nouvelles, des essais et des critiques de romans. 

 
En 1948, James Baldwin a 24 ans. Il quitte les États-Unis pour s'installer en France, 40 dollars en poche. Noir et homosexuel, il est victime de discrimination au pays de l'oncle Sam.  
 
Durant son aventure parisienne, il réside dans les hôtels bas de gamme de Saint-Germain-des-Prés, dans le VIe arrondissement. Passant une partie de ses journées à écrire au Café de Flore, il y croise Simone de Beauvoir, Albert Camus, and Jean-Paul Sartre. Se sentant plus libre en France, il n'oublie pas l'actualité américaine.
Dans les années 40 et 50, les États-Unis sont divisées, avec certains états qui pratiquent la ségrégation raciale. 
 
En 1954, l'arrêt Brown v. Board of Education met fin à la ségrégation des écoles publiques. Cet arrêt sera mal perçue par une partie de l'Amérique blanche et cela mènera aux émeutes de Little Rock, dans l'Arkansas. James Baldwin voit les images terribles des émeutes et décide de rentrer au pays.
 
En 1957, il retourne aux États-Unis, pour s'engager lors du mouvement des droits civiques. Il deviendra notamment un proche Martin Luther King et de Malcolm X. En 1964, le Civil Rights est signé et interdit, légalement, la discrimination raciale et la ségration. 
James Baldwin et Martin Luther King Jr, en 1968, à New-York.               © The Estate of James Hinton
 

Après les assassinats successifs de Medgar Evers (1963) et J. F. Kennedy (1963),  Malcolm X (1965),Martin Luther King (1968), James Baldwin revient s’installer dans le sud de la France en 1970, à Saint-Paul-de-Vence.  

Les recommations lecture de Tara Phillips, directrice de La Maison Baldwin

 
La Conversion, (Go Tell It On the Mountain) (1953) 
Go Tell It on the Mountain de James Baldwin, publié en 1953, est un roman semi-autobiographique qui explore les thèmes de la religion, du racisme, et de l'identité. L'histoire se concentre sur John Grimes, un adolescent noir de 14 ans qui grandit à Harlem dans les années 1930. Le roman suit une journée cruciale dans la vie de John, marquée par des conflits familiaux et spirituels, alors qu'il cherche à comprendre sa place dans le monde.
 
La Chambre de Giovanni (Giovanni's Room) (1956) 
La Chambre de Giovanni de James Baldwin, publié en 1956, raconte l’histoire de David, un jeune Américain qui vit à Paris et lutte avec son identité sexuelle. Fiancé à une femme nommée Hella, il entame néanmoins une relation amoureuse intense avec Giovanni, un barman italien.
 
Harlem Quartet (Just Above My Head) (1979) 
Harlem Quartet, publié en 1979 sous le titre original Just Above My Head, est le dernier roman de James Baldwin. Il raconte l'histoire de deux frères, Hall et Arthur Montana, et de leur cercle d'amis dans le Harlem des années 1950 et 1960. Arthur, un chanteur gospel noir et homosexuel, connaît le succès, mais lutte avec son identité et la discrimination. Hall, le narrateur, est son frère aîné, et à travers ses souvenirs, il retrace la vie, les amours et les épreuves d'Arthur, ainsi que l'impact de la musique, de la religion et des droits civiques dans leur communauté.

Les essais de James Balwin 

Tout au long de sa carrière d'écrivain, James Baldwin publié de nombreux textes portant sur la race, l'injustice et l'identité. Parmi les plus célèbres : 

Chronique d'un pays natal, (Notes of a Native Son) (1955)
Ce recueil rassemble des essais sur l'expérience de Baldwin en tant qu'homme noir en Amérique et en Europe. Il aborde le racisme, la colère, et l'exil personnel à travers ses réflexions sur sa propre vie et des événements contemporains.
 
La Prochaine fois, le feu (The Fire Next Time) (1963)
Ce livre comprend deux essais : "My Dungeon Shook" et "Down at the Cross." Baldwin y traite du racisme en Amérique, des relations entre Noirs et Blancs, et de la nécessité d'une transformation radicale des relations raciales. Ce recueil est considéré comme l'un de ses plus importants et a marqué la conscience nationale pendant la lutte pour les droits civiques.

Personne ne sait mon nom (Nobody Knows My Name) (1961)
Ce recueil explore la condition noire en Amérique et les questions de pouvoir, d'aliénation et d'identité. Baldwin y analyse la situation des Afro-Américains tout en offrant des commentaires sur les figures emblématiques comme Martin Luther King Jr. et Richard Wright.

Chassés de la lumière, (No Name in the Street) (1972)
Baldwin revient sur ses expériences dans les années 1960, pendant les luttes pour les droits civiques. Ce recueil est plus personnel et réflexif, abordant la violence, les assassinats politiques (de figures comme Malcolm X et Martin Luther King Jr.), et les espoirs déçus de la lutte pour l'égalité raciale.

Le Diable trouve à faire, (The Devil Finds Work) (1976)
Cet essai critique est une réflexion sur la représentation des Noirs dans le cinéma américain et sur la manière dont ces images reflètent les attitudes raciales de la société. Baldwin y mêle critique cinématographique et analyse sociale pour aborder les thèmes de la race et de la culture.

Informations pratiques 

Festival du Centenaire de James Baldwin 
Du 9 au 14 septembre à Paris
Billeterie et programmation : La Maison Baldwin
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