Quelque 22,1 millions d'électeurs sont appelés aux urnes pour choisir le successeur d'Uhuru Kenyatta, en poste depuis 2013 et dans l'impossibilité de briguer un troisième mandat.Ils doivent aussi élire les députés et les représentants locaux du pays, considéré comme celui où la démocratie est la mieux enracinée en Afrique de l'Est.
Pour les convaincre et clôturer une campagne dominée par la crise économique et une certaine apathie, les candidats jettent leurs dernières forces dans la bataille.
Certains sillonnent les rues avec des sonos hurlant des slogans accrocheurs.Les deux favoris à la présidentielle organisent, eux, deux méga-meetings à Nairobi.
William Ruto, 55 ans et vice-président sortant, a choisi le stade de Nyayo et ses 30.000 places assises.A une quinzaine de kilomètres de là, son principal rival Raila Odinga, 77 ans et ancien leader de l'opposition désormais porté par le pouvoir, fera vibrer les 60.000 places du stade Kasarani.
Le premier a fait du pouvoir d'achat son cheval de bataille.Il s'est présenté comme porte-voix des "débrouillards" du petit peuple, promettant des emplois quand trois personnes sur dix vivent dans l'extrême pauvreté avec moins de 1,90 dollar par jour, selon la Banque mondiale.
Le second a pris comme étendard la lutte contre la corruption endémique dans le pays, classé 128e sur 180 pays selon l'ONG Transparency International.
Tous deux avaient initialement annoncé avoir choisi le même stade pour ce dernier meeting, faisant craindre des tensions.
- "Promesses vides" -
L'inflation, qui a grimpé à 8,3% en juillet, et l'explosion des prix du carburant et d'aliments de base semble toutefois avoir atténué cette année l'effervescence électorale.
"Les conditions économiques ont été difficiles pour les Kényans qui ont à peine eu la chance de se remettre de l'impact de la pandémie de Covid-19", relève l'analyste politique Zaynab Mohamed, dans une note publiée jeudi par le cabinet britannique Oxford Economics.
"De nombreux Kényans ont du mal à joindre les deux bouts et disent ne pas se laisser avoir par les promesses vides des politiciens", relève-t-elle.
L'enjeu économique pourrait, selon certains experts, supplanter le vote tribal, un facteur-clé depuis toujours dans les isoloirs kényans.
Si la campagne s'est parfois faite virulente sur les réseaux sociaux, les incidents ont été rares dans la rue.Quelque 150.000 officiers doivent néanmoins être déployés mardi à travers le pays pour assurer la sécurité.
Dans ce pays aux 46 tribus, les élections ont donné lieu à des contestations, parfois violentes.En 2007-2008, plus de 1.100 personnes sont mortes dans des affrontements politico-ethniques et des centaines de milliers ont été déplacées.
Les résultats sont aussi régulièrement contestés en justice.En 2017, la Cour suprême avait annulé l'élection - une première en Afrique - et demandé la tenue d'un nouveau scrutin.
Ces dernières semaines, nombreux ont été les appels au calme de la société civile et de la communauté internationale.
Une quinzaine d'ambassades, dont celle des Etats-Unis, ont ainsi plaidé vendredi dans un communiqué commun pour des élections "libres, justes et pacifiques" au Kenya, "point d'ancrage pour la stabilité, la sécurité et la démocratie, non seulement dans la région, mais aussi sur le continent ou à travers le monde".
La Commission électorale (IEBC) a, elle, assuré avoir mis en place les garde-fous nécessaires pour empêcher fraudes et manipulations et parer à d'éventuels problèmes techniques.
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