Ethiopie: combats dans la ville sainte orthodoxe de Lalibela

Infos. Des combats opposent mercredi des miliciens aux forces fédérales à Lalibela (nord), dans la région éthiopienne en conflit de l'Amhara, selon plusieurs habitants de cette ville sainte orthodoxe, célèbre pour ses églises creusées dans la roche.

Ethiopie: combats dans la ville sainte orthodoxe de Lalibela
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Addis Abeba (AFP)

Selon eux, les milices "d'autodéfense" amhara Fano semblaient dans l'après-midi contrôler une vaste partie de la ville, notamment le site abritant les églises troglodytes, inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l'Unesco.

Les Fano - milices informelles de citoyens-combattants volontaires - ont épaulé l'armée éthiopienne durant les deux ans de conflit l'ayant opposé aux autorités rebelles de la région voisine du Tigré, auquel a mis fin un accord signé en novembre 2022 à Pretoria.

Cet accord, vu comme un retournement d'alliance alors que des différends territoriaux opposent amhara et tigréens, a exacerbé les tensions en Amhara.Celles-ci ont dégénéré en conflit ouvert quand le gouvernement fédéral a tenté en avril de désarmer des forces régionales.

"Les combats ont commencé ce matin autour de 08H00" (05H00 GMT), a déclaré mercredi par téléphone à l'AFP un diacre de la ville, requérant l'anonymat pour des raisons de sécurité.Lalibela "semble être désormais contrôlée par les Fano", a-t-il estimé en milieu d'après-midi.

Il n'a pas été possible de vérifier les déclarations des habitants de manière indépendante, les autorités fédérales interdisant aux journalistes l'accès à l'Amhara.

Ni le gouvernement fédéral, ni l'armée éthiopienne, ni les autorités régionales n'étaient joignables ou n'ont répondu dans l'immédiat aux messages de l'AFP.Aucun bilan des combats n'était disponible.

Trois autres habitants joints par l'AFP et s'exprimant eux aussi anonymement ont également fait état de combats ayant éclaté à l'intérieur de la ville dans la matinée.Deux d'entre eux ont confirmé une large prise de contrôle par les Fano en milieu d'après-midi.

- "artillerie lourde"

"Dans la nuit, les Fano ont approché de la ville depuis quatre directions et les combats ont commencé ce matin vers 08H00", a expliqué l'un d'eux, assurant qu'aucun combat n'avait eu lieu mercredi près des églises rupestres.

"Les Fano sont partout" en ville, "près des églises (rupestres), dans la vieille ville", a-t-il expliqué dans l'après-midi.

Le diacre et cet habitant font état de tirs toujours entendus en milieu d'après-midi, mais désormais uniquement en lisière de la ville, où se trouve un camp de l'armée fédérale.Selon eux, l'aéroport, situé à 10 km au sud-ouest de la ville semblait toujours aux mains de l'armée.

"Les combats ne sont pas terminés", a confirmé un autre habitant, "les Fano se sont emparés de plusieurs parties de la ville et l'armée fédérale a été repoussée vers les faubourgs" sud autour de sa base.

L'armée fédérale "fait usage d'artillerie lourde, le son est terrifiant", a indiqué cet habitant vivant près des églises rupestres.

Une source diplomatique a fait état d'une intensification des combats ces quatre derniers jours en Amhara, signalant notamment aussi des affrontements dans plusieurs zones à une centaine de km au sud de Bahir Dar, la capitale régionale, notamment aux abords de l'axe principal la reliant à Addis Abeba.

Le gouvernement fédéral a déclaré en août l'état d'urgence en Amhara.L'armée fédérale en contrôle grandes villes et grands axes, mais la situation est très volatile et la région alterne entre calme précaire et poussée de violences, les Fano multipliant les actions dans les zones rurales.

L'Amhara est la deuxième région d'Ethiopie en terme de population, avec environ 25 millions d'habitants.Elle est le berceau de la dynastie impériale salomonide qui a unifié l'Ethiopie et a régné jusqu'en 1974.Une importante part de l'élite politique et économique de l'Ethiopie en est issue.

Deuxième pays le plus peuplé d'Afrique (120 millions d'habitants), l'Ethiopie, pays mosaïque de 80 peuples, est déchirée par de multiples conflits simultanés mais sans rapport entre eux. 

Ils sont souvent liés à de récents réveils identitaires et à des revendications territoriales, dans un Etat fédéral où les frontières des Etats régionaux sont tracées le long de lignes ethno-linguistiques.

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