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Ethiopie: les rebelles oromo ont exécuté des centaines de villageois, selon des survivants

Des centaines de civils d'ethnie amhara ont été tués durant le week-end dans la région éthiopienne de l'Oromia, ont affirmé lundi à l'AFP des survivants, accusant un groupe rebelle de l'ethnie oromo, qui a démenti et incriminé les forces progouvernementales.

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20 juin 2022 à 15h06 par AFP

Ces témoins, qui ont parlé à l'AFP sous couvert d'anonymat, ont accusé des rebelles de l'Armée de libération oromo (OLA) d'avoir froidement exécuté des villageois de la localité de Tole, dans le district de Gimbi, dans l'ouest de l'Ethiopie. Dans un communiqué, le gouvernement régional de l'Oromia a également accusé l'OLA - classée comme organisation terroriste par le gouvernement éthiopien - d'avoir "mené une attaque cruelle contre des innocents" après des combats contre les forces gouvernementales samedi matin dans le district de Gimbi. Le gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed a déjà accusé dans le passé l'OLA de massacres visant les Amharas vivant en Oromia. Selon des témoins oculaires, le massacre a duré plusieurs heures, à l'issue duquel de nombreux corps gisaient dans les rues. Un homme amhara a déclaré avoir "personnellement aidé à enterrer 61 corps dimanche" et affirmé que "le nombre de corps enterrés dimanche était de 351 au total". "Le but de toutes ces attaques est de nous forcer à partir", a-t-il estimé, ajoutant: "Nos maisons et nos bien ont été détruits". "Je veux quitter cette région, aller dans ma région ancestrale (...) ça me permettrait au moins de vivre en paix". "J'ai perdu ma fille de 16 ans dans l'attaque, tuée par une balle des hommes armés" de l'OLA, a déclaré un autre habitant amhara interrogé par l'AFP, en indiquant que les rebelles avaient bloqué la route principale de la zone. Mais un porte-parole de l'OLA, Odaa Tarbii, a accusé dimanche une milice régionale progouvernementale d'avoir commis ces meurtres et réclamé une enquête indépendante. "Le régime d'Abiy accuse à nouveau l'OLA d'atrocités commises par ses propres combattants battant en retraite", a-t-il écrit sur Twitter. Sans mentionner l'OLA, Abiy Ahmed a affirmé lundi sur Twitter que "les attaques contre des civils innocents et la destruction des moyens de subsistance par des forces illégales et irrégulières sont inacceptables". Ces témoignages surviennent quelques jours après que la Commission éthiopienne des droits de l'Homme (EHRC) a accusé des forces de sécurité éthiopiennes d'avoir sommairement exécuté dans la capitale de la région de Gambella des habitants soupçonnés de collaborer avec l'OLA, à l'issue d'une attaque des rebelles sur la ville. L'EHRC, organisme public mais statutairement indépendant, a notamment affirmé dans un communiqué que les forces de sécurité avaient procédé à des "exécutions de porte à porte". L'OLA s'est alliée l'an dernier avec le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qui est en guerre avec les forces fédérales dans le nord de l'Éthiopie depuis novembre 2020.