Le gouvernement éthiopien n'a ni confirmé ni démenti cette frappe mais a accusé mercredi les rebelles tigréens d'avoir ouvert de nouveaux fronts, une semaine après la reprise des hostilités autour de la pointe sud-est du Tigré, dont les deux camps se rejettent la responsabilité.
Les journalistes n'ont pas accès au nord de l'Ethiopie, rendant impossible toute vérification indépendante et les réseaux de télécommunications y fonctionnent de manière aléatoire.
Une source humanitaire ayant requis l'anonymat a toutefois confirmé mercredi la frappe aérienne à l'AFP, sans donner d'autres détails.
Aucun bilan n'est disponible.Dans la nuit, le Dr Kibrom Gebreselassie, un responsable de l'hôpital Ayder, le principal de Mekele, a simplement fait état sur Twitter "de victimes" dans un "raid de drone", ayant touché "vers minuit" un quartier proche de l'Hôpital général.
Une frappe aérienne avait déjà frappé la ville le 26 août, tuant au moins quatre personnes, dont deux enfants, selon le Dr Kibrom.Les rebelles et l'Unicef ont affirmé qu'un "jardin d'enfants" avait été touché, le gouvernement affirmant que son aviation ne ciblait que des "sites militaires".
Porte-parole des autorités rebelles du Tigré, Getachew Reda a affirmé dans la nuit que le nouveau "raid de drone nocturne sur Mekele" ne visait aucune "cible militaire" et accusé le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed de "tuer des enfants et des civils innocents".
- Progression -
Le gouvernement éthiopien n'évoque pas cette nouvelle frappe dans un communiqué publié mercredi matin.
Il accuse en revanche les rebelles d'avoir "étendu leur offensive à d'autres zones" du nord de l'Ethiopie, notamment le Wolkait, un district de l'ouest du Tigré, et des zones frontalières du Soudan.
"Fidèle à lui-même, le gouvernement invente des histoires pour s'en tirer à bon compte aux yeux de la communauté internationale", a démenti M. Getachew.
Revendiquée par les Tigréens et les Amhara - deuxième population ethno-linguistique du pays - la zone administrative du Tigré occidental est occupée depuis fin 2020 par les forces régionales d'Amhara, qui prêtent main forte à l'armée fédérale dans le conflit.
Les combats semblent jusqu'ici localisés dans les parties de l'est de l'Amhara et de l'ouest de la région de l'Afar entourant la pointe sud-est du Tigré.
Dans son communiqué, le gouvernement affirme que l'armée s'est "vaillamment défendue contre les attaques lancées" par les rebelles "dans l'est de l'Amhara".
Mardi, M. Getachew avait expliqué que les rebelles tigréens, après avoir initialement "défendu (leurs) positions", avaient lancé une contre-offensive au-delà de la frontière sud du Tigré.
Ces derniers jours, selon des sources diplomatique, humanitaire et des habitants, les rebelles ont progressé d'une cinquantaine de kilomètres à l'intérieur de l'Amhara, s'approchant de la ville de Woldiya, ainsi qu'en Afar.
- Prêts à négocier -
Mardi, l'APDA, une ONG active en Afar, a indiqué y avoir déjà recensé 18.000 personnes déplacées par la reprise des combats et dit craindre que leur nombre n'augmente face à "l'avancée des rebelles" en Afar, en direction de l'Amhara.
Rapidement défaits en novembre 2020 par les troupes envoyées par M. Abiy pour déloger l'exécutif du Tigré, qui contestait son autorité et qu'il accusait d'avoir attaqué des bases militaires, les rebelles tigréens ont repris mi-2021 la quasi-totalité de la région à la faveur déjà d'une contre-offensive qui les a vus s'approcher d'Addis Abeba.
Ils se sont ensuite repliés vers le Tigré, accusant depuis le gouvernement "d'assiéger" la région, ce que ce dernier dément.
La communauté internationale a multiplié ces derniers jours les appels au dialogue.Depuis juin, les deux parties répètent être disposées à négocier, sans cesser de s'opposer sur les modalités des futures discussions.
Malgré la reprise des combats, le gouvernement a assuré mercredi "n'avoir pas encore écarté les possibilités de paix" et les rebelles assuraient la veille rester "ouverts à toute négociation".
La trêve décidée fin mars avait permis la reprise de l'acheminement par la route de l'aide humanitaire vers le Tigré, interrompu alors depuis trois mois et qui semble de nouveau désormais menacé.
Le bilan de cette guerre meurtrière est inconnu.Mais elle a déplacé plus de deux millions de personnes et plongé des centaines de milliers d'Ethiopiens dans des conditions proches de la famine, selon l'ONU.
Le Tigré est en outre privée depuis plus d'un an d'électricité, de télécommunications, de services bancaires ou de carburant.
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