France: validée par la CEDH, l'expulsion d'un imam devant la justice

Infos. La mesure d'expulsion vers le Maroc d'un imam réputé proche des Frères musulmans et notamment accusé d'antisémitisme, est désormais examinée par le tribunal administratif de Paris qui fixera son sort, après que la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) a refusé jeudi de la suspendre.

France: validée par la CEDH, l'expulsion d'un imam devant la justice

Le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin avait annoncé, la semaine dernière, l'expulsion à venir de Hassan Iquioussen, prédicateur réputé proche des Frères musulmans. Il a tenu "des propos ouvertement antisémites, ouvertement xénophobes, ouvertement homophobes, ouvertement anti-femmes", et ainsi, "n'a rien à faire sur le sol national", a insisté le ministre jeudi sur une chaîne d'informations. Vivant dans le nord de la France, à Lourches, Hassan Iquioussen tenait, selon les éléments recueillis par la préfecture du Nord dont l'AFP a eu connaissance, des discours "haineux envers les valeurs de la République dont la laïcité" et à développer "des thèses antisémites". Il lui est reproché aussi d'inciter "à une forme de séparatisme" et d'alimenter "des thèses complotistes autour de l'islamophobie". En 2004, l'imam avait déjà été accusé de propos antisémites par l'association du Conseil représentatif des institutions juives de France. L'intéressé, dans un message posté sur Facebook, avait rejeté les accusations et saisi mercredi la CEDH, qui siège à Strasbourg. "En raison de la gravité de la menace pour l'ordre public, le ministre estimait qu'il n'était pas porté une atteinte disproportionnée à son droit à une vie familiale", a estimé jeudi la CEDH dans un communiqué. L'avocate de l'imam, Me Céline Simon, a en parallèle saisi "en référé", c'est-à-dire en urgence, le tribunal administratif de Paris pour obtenir la suspension de l'expulsion de son client. L'audience a débuté dans l'après-midi et la décision devrait tomber d'ici à la fin de la semaine. L'annonce de cette expulsion avait suscité, dès la semaine dernière, une série de protestations. Dans un communiqué, 31 mosquées des Hauts-de-France (Nord) ont apporté leur soutien au prédicateur, estimant qu'il était victime d'une "erreur manifeste d'appréciation". Le prêcheur de 57 ans est très actif sur les réseaux sociaux, notamment avec une chaîne Youtube, suivie par 169.000 personnes, et une page Facebook, comptant 42.000 abonnés. Né en France, il avait la nationalité française jusqu'à ce qu'elle lui soit retirée à sa majorité. De nationalité marocaine depuis, il avait alors bénéficié de titres de séjour. Mais le 22 juin dernier, la commission départementale d'expulsion des étrangers a donné un avis favorable à l'expulsion de ce père de 5 enfants majeurs. Le Maroc, selon le ministre français de l'Intérieur, a délivré un "laisser-passer consulaire" pour "expulser manu militari" Hassan Iquioussen inscrit au fichier des personnes recherchées.

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