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Guinée: un collectif appelle à manifester malgré l'interdit de la junte

Un collectif qui a mené la contestation en Guinée contre l'ancien président Alpha Condé a appelé vendredi à manifester le 23 juin, passant outre à l'interdiction édictée par la junte qui a pris le pouvoir par la force en 2021.

AFRICA RADIO

10 juin 2022 à 16h51 par AFP

Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) dénonce dans un communiqué "la volonté manifeste de la junte de s'éterniser au pouvoir", son "refus" du dialogue et sa "gestion unilatérale" des affaires. Il appelle à une "manifestation citoyenne et pacifique" le 23 juin dans le secteur de Conakry pour réclamer "un délai raisonnable et consensuel" autre que les 36 mois retenus par la junte pour rendre le pouvoir aux civils. Il réclame l'ouverture d'un dialogue, le respect des droits humains et la tenue de procès contre les auteurs de violences politiques passées. Cet appel va directement à l'encontre de l'interdiction prononcée le 13 mai de toute manifestation de nature à compromettre, selon la junte, "l'exécution correcte des activités" pendant les trois années censées précéder un retour des civils au pouvoir. Cet interdit a suscité les protestations des partis, de la société civile et des défenseurs des droits humains. Dans une lettre adressée au gouvernement et publiée sur les réseaux sociaux, les organisations Human Rights Watch (HRW), Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT-France) et Agir ensemble pour les droits humains (AEDH) pressent les autorités de rétablir "sans délai" le droit de manifester. De telles restrictions "risquent de générer davantage de tensions" et "de provoquer de possibles interventions violentes des forces de l'ordre, accompagnées d'un usage disproportionné de la force et d'un possible recours aux armes à feu". La Guinée est coutumière des violences politiques. Le FNDC a orchestré de 2019 à 2021 la mobilisation contre un troisième mandat d'Alpha Condé. La répression a fait des dizaines de morts civils. Les défenseurs des droits dénoncent de longue date l'usage excessif de la force de la part des policiers et des gendarmes, ainsi que l'impunité dont ils bénéficient. Plus largement, les récentes mesures prises par la junte constituent "un recul de l'État de droit et ne visent qu'à annihiler toute contestation publique", s'alarment les trois organisations.