"L'Histoire de Souleymane" sort au cinéma : connaissez-vous le parcours bouleversant d'Abou Sangare, le héros du film ?

Enfourchant son vélo, il fonce à travers Paris pour livrer des plateaux-repas. Dans 48 heures, Souleymane, travailleur sans papiers et livreur, sera en entretien pour sa demande de régularisation. Mais il n'est pas prêt. C'est ce que raconte "L'Histoire de Souleymane", un film réalisé par Boris Lojkine, sorti ce mercredi 9 octobre au cinéma. Pour le concevoir, le réalisateur et la directrice de casting Aline Dalbis sont allés au plus près de leur sujet, rencontrant des livreurs et souhaitant connaître les difficultés de leur travail. Parmi leurs préoccupations, la question des papiers. Car, pour ces livreurs, "obtenir l'asile peut radicalement changer [leur] vie". 

Un acteur proche de son personnage

Ce film sous forme de thriller est salué par la critique. Mieux, il a été récompensé au festival de Cannes 2024 dans la catégorie Un Certain Regard : le film a reçu le prix du jury et celui la meilleure interprétation masculine pour Abou Sangare, acteur principal et héros de ce long-métrage. Et c'est là que la réalité dépasse parfois la fiction. Car l'histoire d'Abou Sangare résonne avec celle de son personnage à l'écran. L'acteur, qui n'a d'ailleurs jamais pensé le devenir, commence à travailler dès son enfance. Il quitte la Guinée, son pays natal, pour rejoindre le Mali, traverse le désert jusqu’en Algérie et tente la traversée par la mer Méditerranée une fois arrivé en Libye. Il échoue et se retrouve en prison. Le second essai se fait à crédit mais il parvient en France en 2017 à l'âge de 16 ans. Son rôle dans ce long-métrage lui permettra de rembourser ce trajet.

Toujours en situation irrégulière

Aujourd'hui, Abou Sangare, alors même qu'il brille à l'écran et qu'il bénéficie d'une notoriété nouvelle,  est toujours en situation irrégulière. D'ailleurs, peu de temps avant de monter le prestigieux tapis rouge du festival de Cannes, Abou Sangare reçoit son troisième refus pour sa demande d'asile. Sous obligation de quitter le territoire français (OQTF), l’artiste peut déposer s'il le souhaite une nouvelle demande de régularisation à la préfecture. L'histoire ne dit pas (encore) si sa performance remarquée dans tout le pays l'aidera à obtenir des papiers.