“La thèse conspirationniste d’un régime hutu ayant planifié un « génocide » au Rwanda constitue l’une des plus grandes escroqueries du XX e siècle.”(p.198), écrivait Charles Onana dans son ouvrage “Rwanda, la vérité sur l’opération Turquoise”. Cette extrait est l’une des raisons pour lesquelles il est jugé ce lundi 7 octobre devant le tribunal judiciaire de Paris, pour contestation du génocide rwandais.
Ce procès s’ouvre après une plainte déposée en 2020 par les associations Survie, la Ligue des droits de l'Homme (LDH) et la Fédération internationale des droits humains (FIDH). L’auteur est jugé avec le directeur de publication des Éditions du Toucan, Damien Seriex. Tous deux avaient été, dans un premier temps, mis en examen pour "contestation publique de crime contre l'humanité", en 2022.
Déposée le 21 octobre 2020 par @Survie, la @LDH_Fr et la @fidh_fr , une plainte avec constitution de partie civile vise cette fois les propos tenus par #Onana dans "Rwanda, la vérité sur l’opération #Turquoise" paru en 2019.
— Survie (@Survie) April 27, 2022
L'éditeur est poursuivi à titre principal et l'auteur pour complicité, comme c'est l'usage en droit de la presse.
"Nous sommes face à un négationniste assumé qui ne peut se réfugier derrière aucun prétexte", a déclaré à l'AFP Me Sabrina Goldman, avocate de la Licra, également partie civile. "Pour qu'il y ait un génocide, il faut un plan concerté, ce qu'il récuse", a-t-elle ajouté. L’avocate souligne également que l'accusé met "systématiquement entre guillemets le terme “génocide" et avance la thèse d'un "double génocide" des Tutsi et des Hutu.
Les plaignants vont surtout se baser sur "la jurisprudence liée à la Shoah", a affirmé Camille Lesaffre, chargée de campagne de l'association Survie. "Cela va permettre de préciser les limites légales des propos que l'on peut tenir sur ce crime contre l'humanité", a-t-elle ajouté.
Une vingtaine de témoins, dont d'anciens officiers militaires français et rwandais, ont été cités par la défense, tandis que les parties civiles ont fait appel à des historiens et professeurs de droit.
Deuxième procès pour contestation du génocide rwandais
Me Emmanuel Pire, avocat de l’auteur a souligné que Charles Onana “ne conteste pas du tout le génocide. Il ajoute qu’il s'agit d'un travail de politologue issu de 10 ans de recherche pour comprendre les mécanismes du génocide avant, pendant et après, mais M. Onana ne remet pas en question le fait que les Tutsi étaient particulièrement visés".
Depuis janvier 2017, la loi sur la liberté de la presse punit le fait de nier, minorer ou banaliser de façon outrancière tous les génocides reconnus par la France.
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Le premier procès pour contestation du génocide rwandais s'est tenu en 2022, avec,sur le banc des accusés la journaliste française Natacha Polony. Elle avait été mise en cause pour avoir déclaré sur France Inter, à propos du génocide au Rwanda, que "malheureusement, on est typiquement dans le genre de cas où on avait des salauds face à d’autres salauds […], il n’y avait pas d’un côté les gentils et de l’autre les méchants dans cette histoire".
Les juges l'avaient relaxée, estimant que voir dans ses paroles "une contestation de l'existence du génocide" résultait "d'une extrapolation des propos en cause".
Le génocide commis en 1994 au Rwanda, par le régime extrémiste hutu alors au pouvoir, a fait environ 800.000 morts entre avril et juillet 1994, essentiellement parmi la minorité tutsi, mais aussi chez les Hutu modérés, selon l'ONU.
Avec AFP
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