Nouvelle application Africa Radio

Mali. La Cour pénale internationale condamne un ex-chef de la police islamique de Tombouctou pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité

La Cour pénale internationale (Pays-Bas) a reconnu coupable Al Hassan, ex commissaire de la police islamique à Tombouctou (Mali), de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, mercredi 26 juin 2024.

Cour pénale internationale
Un ex-commissaire de la police islamique a été condamné par la Cour pénlae internationale.
Crédit : Wikicommons

27 juin 2024 à 18h26 par Keisha MOUGANI

Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud, dit Al Hassan, a été jugé coupable “d’une partie des charges portées à son encontre concernant des crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis entre le 2 avril 2012 et le 29 janvier 2013, à Tombouctou, dans le nord du Mali…” par la Cour pénale internationale de la Haye (Pays-Bas). La peine sera déterminée ultérieurement, après une nouvelle série d'audiences.

Il encourt une condamnation à une peine de prison à perpétuité. Il a trente jours pour faire appel. 

L’homme de 46 ans, est un touareg, originaire du Mali et membre du groupe djihadiste Ansar Eddine (ou Ansar Dine), une organisation fondée en 2011, qui est liée au groupe AQMI (Al-Qaida au Maghreb Islamique). 

Ansar Eddine est l’un des acteurs majeurs de la guerre au Mali, débutée en 2012. La même année, l’organisation prend Kidal, Tessalit et Tombouctou et instaure la charia. 

Al-Hassan devient commissaire de la police islamique à Tombouctou. Son rôle est de faire respecter la charia. “La Police islamique a joué un rôle essentiel dans le système qu’Ansar Dine/AQMI a mis en place pour commettre ces crimes.”, selon un communiqué de la Cour pénale internationale, publié à la suite du verdict.

Il est jugé coupable d’avoir pris part au fonctionnement du système en signant des rapports de police, en participant aux transferts des accusés au Tribunal, et en exécutant les jugements et les peines rendus par ce tribunal. Il est resté en poste jusqu’à ce que l'organisation quitte la ville. 

Al Hassan a été acquitté de certaines accusations 

Il est également jugé coupable d’avoir directement commis des actes de tortures et d’atteinte à la dignité de la personne. Il a été acquitté des accusations pour viol, esclavage sexuel et d’attaques contre des biens protégés, par rapport à la destruction des mausolées de Tombouctou, inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. “Le procès a porté sur les actes et le comportement d’un homme, M. Al Hassan, qui a agi dans un contexte très spécifique, et les juges ont examiné les éléments de preuve afin de vérifier si la responsabilité de M. Al Hassan était établie au-delà de tout doute raisonnable.”, explique la Chambre de la Cour pénale internationale. 

Si le jugement les satisfait, cet acquittement déçoit la Fédération Internationale pour les droits humains (FIDH). Pour l'organisation, la CPI n’a pas reconnu les crimes liés au genre, explique-t-elle dans un communiqué. 

Une affaire en cours depuis 2018 

Al Hassan est poursuivi par la CPI depuis 2018. Le mandat d’arrêt à son encontre a été délivré le 27 mars. Le 31 mars, l’ex-commissaire est remis à la CPI. De 2019 à 2020, les audiences se sont succédées pour confirmer les charges contre lui et le procès s’est ouvert les 14 et 15 juillet 2020.  

Avant Al Hassan, un autre membre d’Ansar Edinne avait été jugé par la Cour pénale internationale : Ahmad Al Faqi Al Mahdi. Il a été condamné à neuf ans de prison pour crimes de guerre liés à la destruction de mosquées et mausolées de Tombouctou.