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Massacre de Thiaroye au Sénégal : des associations, des acteurs de la société civile et des élus demandent une reconnaissance officielle par l’Etat français

Des historiens, des parlementaires et responsables associatifs ont demandé à l’état de reconnaître officiellement ce massacre lors d’une conférence à l’Assemblée nationale à Paris, le 04 novembre. Ils demandent également la création d’une commission d’enquête parlementaire sur l’exécution de dizaines de tirailleurs africains en 1944.

Une fresque murale en hommage aux victimes du massacre de Thiaroye, à Dakar
Une fresque murale en hommage aux victimes du massacre de Thiaroye, à Dakar
Crédit : Wikimedia Commons

5 novembre 2024 à 11h16 par Nadir Djennad

Le 1er décembre prochain, ce sera le 80eme anniversaire du Massacre de Thiaroye au Sénégal.

Le 1 décembre 1944, des dizaines de Tirailleurs Sénégalais, trente-cinq soldats, selon la version officielle, plusieurs centaines selon certains historiens, ont été exécutés sur ordre d’officiers de l’armée française au camp de Thiaroye, près de Dakar. Dans les locaux de l’assemblée nationale à Paris,  des historiens, des parlementaires et responsables associatifs ont demandé à l’état de reconnaître officiellement ce massacre“ Déjà, on doit nommer officiellement “massacre” au lieu d’une “répression sanglante d’une répression armée” ce serait déjà très bien. Et puis après, il faut faire aboutir toutes les revendications des familles, de descendants, avec notamment le remboursement des sommes qui ont été spoliées. Il y a aussi le sujet des fosses communes, reconnaître l’ampleur de la falsification. Nous sommes au début d’une reconnaissance totale, si possible, de l’étendue de l’ignominie en tout cas, puisqu’il s’agit bien d’un massacre et non une rébellion armée” indique Armelle Mabon historienne, qui publie le 22 novembre prochain, le Massacre de Thiaroye, histoire d’un mensonge d’état, aux éditions du Passager Clandestin.  

CONFÉRENCE- PLAIDOYER POUR LA RECONNAISSANCE OFFICIELLE DE THIAROYE 44 en présence de parlementaires, d'historiens, d'acteurs de la société civile et d'avocats.

Crédit : Nadir Djennad

Six des tirailleurs exécutés en 1944 à Thiaroye sur ordre d’officiers de l’armée française sont désormais reconnus « morts pour la France »

L’annonce avait été faite par le secrétariat d'État français chargé des Anciens combattants et de la Mémoire le 28 juillet dernier “ce geste marque une avancée, quatre-vingts ans après les faits, mais l’État français doit aller plus loin en réhabilitant les victimes”déclare Karfa Diallo, directeur de l’association Mémoires et Partages à l’initiative de la conférence à l’Assemblée nationale. Dans une tribune au « Monde », publiée le 23 octobre, des associations, des acteurs de la société civile et des élus demandent la création d’une commission d’enquête parlementaire sur l’exécution de dizaines de tirailleurs africains en 1944.

Dans un amendement déposé à l’Assemblée nationale, le 29 octobre, le groupe LFI-NFP demande au gouvernement un rapport sur le Massacre de Thiaroye, notamment sur les raisons qui ont empêché la reconnaissance du massacre par la France.

Ce rapport doit permettre un dénombrement exact des victimes, en vue de leur indemnisation “ il faut absolument réparer cette injustice, moi je suis toujours frappé de voir que la France n’arrive pas à reconnaître son passé colonial, à le regarder dans les yeux, à reconnaître les crimes coloniaux qu’elle a commis. Nous avons besoin aujourd’hui pour que la société française se rassemble, s’unisse, que ce travail de mémoire soit fait” estime Aurélien Taché, député LFI-NFP dans la 10eme circonscription du Val d’Oise. “A l'occasion de la commémoration du 80eme anniversaire  du massacre de Thiaroye, il paraît nécessaire de comprendre les conditions qui empêchent encore aujourd’hui la reconnaissance du massacre par la France” ajoute Aurélien Taché.  

Le président français, Emmanuel Macron, se rendra au Sénégal le 1er décembre 2024 pour prendre part aux festivités de la Journée du Tirailleur, qui coïncideront avec le 80e anniversaire du massacre de Thiaroye. Les historiens, parlementaires et responsables associatifs présents à l’Assemblée nationale espèrent un discours “historique” du président français.  

 

 

Ecoutez l'historienne Armelle Mabon