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Mati Diop, réalisatrice du film "Dahomey" : "On doit avant tout s'adresser à la jeunesse du continent africain"

Après "Atlantique" (2019), la réalisatrice franco-sénégalaise Mati Diop revient avec son second long-métrage "Dahomey" qui est actuellement en salle, ce mercredi 11 septembre. Le film revient sur la restitution de la France au Bénin de vingt-six trésors royaux, spoliés au XIXe siècle puis exposés au musée du Quai Branly Jacques-Chirac. Elle était l'invitée de la matinale de ce mercredi 11 septembre.

La réalisatrice franco-sénégalaise Mati Diop
La réalisatrice franco-sénégalaise Mati Diop
Crédit : Henry Roy

11 septembre 2024 à 10h12 par Keisha MOUGANI

Réécoutez l'interview de Mati Diop, réalisatrice du film "Dahomey"

D'abord sorti au Sénégal et au Bénin, le film Dahomey de la réalisatrice Mati Diop est actuellement projeté dans les cinémas français. 

Oscillant entre documentaire et fiction, le second long-métrage de la réalisatrice franco-sénégalaise revient sur le retour des vingt-six trésors royaux du royaume d’Abomey, au Bénin. “Ce n’est pas un film documentaire classique, didactique, prévient Mati Diop. Pour moi, c’est plus une fiction”

Pendant 1h, le spectateur vit chaque instant de cet événement à la fois historique, symbolique, politique et spirituel, en assistant au retour des œuvres, à partir du point de vue des statues, que la réalisatrice fait parler en fon ancien. 

Des biens pillés au XIXe siècle 

Les vingt-six trésors ont été pris lors de la Seconde guerre du Dahomey qui opposait les troupes françaises aux troupes du roi Behanzin.

Entre 1890 et 1894, l’armée française s’est lancée à la conquête du royaume du Dahomey, au Bénin. C’est lors de la seconde expédition (1892-1894) que l’armée, menée par le général Dodds, parvient à occuper Abomey, la capitale du royaume, et à se saisir par la même occasion des objets royaux, qui seront transférés au musée de l’Homme puis au musée du Quai Branly Jacques-Chirac, jusqu’en 2021. 

Existant depuis les années 70, la question de la restitution des biens spoliés par la France dans les colonies, avait fait l'objet de plusieurs débats entre universitaires et acteurs du monde de l’art. 

La question a ensuite pris une tournure politique, en France, en 2017, lorsque Emmanuel Macron annonce son souhait que “d’ici à cinq ans, les conditions soient  réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en  Afrique.”, au cours de sa visite au Burkina Faso. 

Mais pour Mati Diop, la question de la restitution est avant tout “une question sociale et qui nous concerne tous.” Elle met alors en scène un débat sur la restitution avec de jeunes Béninois. “J’ai ressenti le besoin de déplacer le sujet du sommet vers la base”, explique-t-elle.