Abîmée par les crises, l'économie ivoirienne veut rebondir après l'élection

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ABIDJAN (AFP)

A la veille du scrutin présidentiel de dimanche, la Côte d'Ivoire espère retrouver la stabilité pour relancer une économie en déclin depuis une vingtaine d'années et encore plus mise à mal par une décennie de soubresauts politico-militaires.

"La crise n'est pas que politico-militaire, elle est économique et sociale", souligne le président de la Chambre de commerce et d'industrie de Côte d'Ivoire, Jean-Louis Billon, interrogé par l'AFP.

Ce déclin économique a précédé la tourmente dans laquelle le pays a été plongé depuis une décennie, du putsch de 1999 au coup d'Etat raté de 2002 qui a coupé le territoire en deux, le nord tombant aux mains de la rébellion rebaptisée Forces nouvelles (FN).

Au milieu des années 1980, le "miracle ivoirien" orchestré par le "père de la Nation" Félix Houphouët-Boigny (1960-1993) tourne au mirage: les cours des matières premières s'effondrent, notamment le cacao dont la Côte d'Ivoire est premier producteur mondial.

Pour supporter l'épreuve, le pays s'endette, avant de se voir soumis aux sévères "plans d'ajustement structurel" (coupes budgétaires, privatisations...) des institutions financières internationales.

Depuis le tournant des années 2000, l'Etat est affaibli par les soubresauts politiques.Quand le nord lui échappe, les recettes d'exportation et fiscales de cette zone vont alimenter les FN.

Le secteur privé n'est pas épargné.

"Dans le secteur formel, ces dix années ont été catastrophiques.On a perdu la moitié de nos entreprises: elles étaient 26.000 en 2002, on est passé en 2008 à 13.000", souligne Jean-Louis Billon.

Pour nombre d'Ivoiriens, la dégradation avancée des quelque 6.500 kilomètres de routes bitumées, l'un des plus importants réseaux ouest-africains, symbolise cette régression.

Le pays, qui s'enorgueillisait d'être exportateur d'électricité, a aussi subi des délestages électriques début 2010 qui ont eu un retentissement considérable.Or la pénurie provenait largement du sous-financement du secteur énergétique.

La Côte d'Ivoire a fini par se découvrir pauvre.Entre 1985 et 1995, le taux de pauvreté était déjà passé de 10 à 36,8%, selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).De 2002 à 2008, durant les années les plus dures de la crise (destructions, déplacements de populations, etc.), elle a bondi de 38,4 à 48,9%, concernant près d'un habitant sur deux.

Toujours leader de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa), la Côte d'Ivoire peut cependant espérer renouer avec un développement authentique grâce à des "fondamentaux" solides (budget, inflation maîtrisée, croissance à la hausse) salués à l'extérieur.

Même si la sensible réforme de la filière cacao (40% des recettes d'exportation avec le café) se fait toujours attendre, le pays distance encore ses rivaux comme le Ghana.Et l'hévéa ne cesse de gagner du terrain.

Le pétrole (50.000 barils par jour officiellement) offre d'autres opportunités, de même que la mise en valeur de gisements de fer, manganèse, nickel ou cuivre.

Enfin, qualifié pour l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) en mars 2009, le pays mise sur un climat apaisé née de la présidentielle pour accélérer sa marche vers un rééchelonnement ou une réduction de la quasi-totalité du stock de la dette.Selon des sources concordantes, il peut espérer passer ce cap courant 2011.

"L'économie ivoirienne n'attend que la stabilisation politique tirée des élections pour repartir, et les grandes entreprises internationales n'attendent que ce signal pour réinvestir", résume un expert.

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