Au moins sept personnes ont été tuées, plus de 400 personnes arrêtées et des dizaines de magasins pillés à Johannesburg, la principale ville sud-africaine, et dans la capitale Pretoria depuis dimanche soir, selon un dernier bilan officiel jeudi.
L'Afrique du Sud, principale puissance industrielle du continent, attire des millions d'immigrés africains à la recherche d'une vie meilleure.Mais le pays se débat avec un fort taux de chômage (29%) et d'énormes disparités sociales et économiques, qui alimentent régulièrement un sentiment xénophobe dans la nation "arc-en-ciel" rêvée par l'ancien président Nelson Mandela.
Alors que la situation se normalisait progressivement jeudi dans Johannesburg, épicentre des violences, la colère contre les intérêts sud-africains continuait à s'exprimer dans plusieurs pays du continent.
En République démocratique du Congo, le consulat d'Afrique du Sud et un magasin d'une enseigne sud-africaine ont été attaqués à Lubumbashi (sud-est), la deuxième ville du pays, a constaté un correspondant de l'AFP.
Au Nigeria, l'Afrique du Sud a décidé, après avoir reçu des "menaces", de fermer son ambassade à Abuja et son consulat à Lagos.
"La situation reste imprévisible", a expliqué la chef de la diplomatie sud-africaine, Naledi Pandor, dans un communiqué.
Mercredi, le géant sud-africain MTN, leader des télécommunications en Afrique, avait annoncé la fermeture temporaire de toutes ses agences au Nigeria après une série d'attaques sur ses magasins.
Le propriétaire d'une compagnie aérienne nigériane privée a offert d'évacuer des Nigérians à bord d'un avion mis à leur disposition gratuitement, a annoncé le ministère nigérian des Affaires étrangères.
Une manifestation devant l'ambassade sud-africaine jeudi à Abuja n'a toutefois réuni qu'une vingtaine de personnes, laissant penser que le mouvement anti-sud-africain au Nigeria s'essoufflait.
En Afrique du Sud, la police a encore renforcé ses effectifs pour tenter de mettre un terme définitif aux violences xénophobes.
"Le seul endroit où un groupe nous donne beaucoup de soucis est Katlehong", un township à une trentaine de kilomètres de Johannesburg, a déclaré jeudi après-midi le responsable de la province de Johannesburg, David Makhura.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, un supermarché d'une enseigne sud-africaine a été pillé dans ce quartier.Jeudi après-midi, la police y a dispersé, à coups de balles en caoutchouc et de grenades assourdissantes, des manifestants armés de pierres, ont constaté des journalistes de l'AFP.Une trentaine de personnes ont également été arrêtées.
- Appels à l'apaisement -
Les violences xénophobes ont provoqué de fortes tensions diplomatiques entre l'Afrique du Sud et le Nigeria, les deux géants africains.
Mercredi, Abuja a décidé de boycotter le Forum économique mondial Afrique, qui se tient cette semaine au Cap, la capitale parlementaire sud-africaine.
Mais le ministre nigérian des Affaires étrangères, Geoffrey Onyeama, a précisé qu'"aucun Nigérian n'avait été tué pendant cette crise".
"Il y a beaucoup d'histoires qui tournent sur des Nigérians qui ont été tués, qui sautent de bâtiments et qui sont brûlés.Ce n'est pas le cas", a-t-il tenu à préciser."Ce que l'on sait est que des magasins appartenant à des Nigérians ont été pillés et des bâtiments détruits."
La police sud-africaine a elle aussi dénoncé les nombreuses "fake news" qui circulent dans le pays et sur le continent et "alimentent beaucoup de panique".
Dans ce contexte, des pays et personnalités africains ont appelé à l'apaisement.
"Les incidents en cours en Afrique du Sud nous interpellent tous", a réagi le président sénégalais Macky Sall."Pour l'unité du continent et par respect à la sagesse africaine, j'invite à l'apaisement entre pays et peuples africains", a-t-il ajouté.
Le milliardaire nigérian Aliko Dangote a appelé à rejeter "la haine et toute forme d'attaque violente sur nos frères africains", car "il ne peut y avoir de prospérité partagée et durable sans paix".
L'Afrique du Sud, première puissance industrielle du continent, est le théâtre régulier de violences xénophobes, nourries par le fort taux de chômage (29%) et la pauvreté.
En 2015, sept personnes avaient été tuées au cours de pillages visant des commerces tenus par des étrangers à Johannesburg et à Durban (est).En 2008, des émeutes xénophobes avaient fait 62 morts dans le pays.
burs-bed/jpc
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