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Deux mois plus tard, l'&eacute;tudiante sud-africaine de 19 ans a finalement, gr&acirc;ce &agrave; l'insistance d'une association, un rendez-vous pour une op&eacute;ration.Elle arrive trop tard pour une IVG m&eacute;dicamenteuse.
"Tellement d&eacute;moralis&eacute;e...C'est la pire exp&eacute;rience de ma vie", raconte-t-elle &agrave; l'AFP.A dix jours pr&egrave;s, elle aurait d&eacute;pass&eacute; la date limite, fix&eacute;e &agrave; 20 semaines dans le pays.
La pand&eacute;mie a aggrav&eacute; les difficult&eacute;s pour les Sud-Africaines d'acc&eacute;der &agrave; l'avortement, mais aussi &agrave; la contraception, affirment soignants et associatifs.D&eacute;placements limit&eacute;s, h&ocirc;pitaux surcharg&eacute;s et fourniture perturb&eacute;e de m&eacute;dicaments ont contribu&eacute; &agrave; des grossesses non-d&eacute;sir&eacute;es.
"On a vu de plus en plus de femmes arriver en disant: je suis all&eacute;e &agrave; tel h&ocirc;pital, ils ne pouvaient pas m'aider", dit Whitney Chinogwenya, porte-parole de l'ONG Marie Stopes.
D&egrave;s le confinement fin mars, l'acc&egrave;s au planning familial est drastiquement r&eacute;duit, surtout dans les zones rurales o&ugrave; il &eacute;tait d&eacute;j&agrave; peu accessible.
"On a tout arr&ecirc;t&eacute;", reconna&icirc;t un m&eacute;decin de l'h&ocirc;pital de Peddie (sud-est), des ailes enti&egrave;res &eacute;tant r&eacute;affect&eacute;es au coronavirus.Les femmes demandant des IVG sont renvoy&eacute;es vers des villes &agrave; 60 ou 120 km, distances difficiles &agrave; parcourir en toute discr&eacute;tion.

- Bout de course -

"&Ccedil;a demande d&eacute;j&agrave; un sacr&eacute; courage de venir ici demander un avortement", pr&eacute;cise ce m&eacute;decin soucieux de son anonymat, soulignant que cette d&eacute;marche reste jug&eacute;e tr&egrave;s n&eacute;gativement."Quand on leur r&eacute;pond +On ne peut rien pour vous+, imaginez le d&eacute;couragement".
A des centaines de kilom&egrave;tres au nord, dans la province du Kwazulu-Natal, une infirmi&egrave;re d&eacute;crit une autre r&eacute;alit&eacute; inqui&eacute;tante: les deux premiers mois du confinement, beaucoup de femmes ne sont pas venues renouveler leurs injections contraceptives, m&eacute;thode gratuite la plus courante dans le pays.
La "peur d'attraper le coronavirus" a jou&eacute;, estime cette infirmi&egrave;re, mais aussi l'impossibilit&eacute; d'une visite discr&egrave;te."Les femmes, en sortant de chez elles, risquaient qu'on leur demande pourquoi et il reste encore beaucoup de fausses id&eacute;es sur la contraception.Beaucoup y ont recours en douce, sans en informer leur partenaire ou leurs proches".
Fin mai, elle a ainsi remarqu&eacute; "une hausse soudaine" du nombre de femmes demandant une IVG, au pire moment pour y acc&eacute;der.
Dans ce contexte, beaucoup de ces femmes, tr&egrave;s angoiss&eacute;es, ont contact&eacute; associations et structures caritatives.
"Elles arrivent chez nous en bout de course", explique Kholofelo Mphahlele, juriste de l'association Section27."Elles ont essay&eacute; de trouver une solution toutes seules et n'y sont pas arriv&eacute;es".
Une plateforme d'information, Safe2choose, remarque que le nombre de femmes ayant d&eacute;pass&eacute; 12 semaines de grossesse quand elles se signalent a doubl&eacute; pendant le confinement.Et &agrave; ce stade, l'IVG m&eacute;dicamenteuse n'est plus une option.

- Seules avec leur secret -

Dans la r&eacute;gion de Johannesburg, elles sont jeunes, entre 17 et 22 ans pour la plupart, souligne Kholofelo Mphahlele.
"Elles prennent une contraception et leurs parents ne sont pas au courant".Du coup, quand la clinique locale &eacute;tait ferm&eacute;e - ce qui est arriv&eacute; souvent pendant le confinement, parce qu'il &eacute;tait en gr&egrave;ve ou contamin&eacute; par le Covid -, la plupart n'osaient pas demander de l'argent pour acheter une contraception dans le priv&eacute;.
"Neuf appels sur dix viennent de jeunes filles qui ont besoin d'aide rapidement, avant que leurs parents ne l'apprennent", r&eacute;sume-t-elle.
Enceinte de quatre mois, Silindokuhle*, &eacute;tudiante &agrave; Johannesburg, s'est confin&eacute;e en famille dans le Kwazulu-Natal.Impossible de trouver une pilule du lendemain dans cet environnement rural et conservateur, et sans l'aide des copines d'universit&eacute; qui auraient pu lui avancer l'argent.
A son retour en juin, son campus reste ferm&eacute;.Pas d'autre choix pour la jeune fille de 20 ans que de s'installer chez ses parents.L'h&ocirc;pital la renvoie vers une clinique."Il y avait la queue.Si j'attendais, je pouvais pas rentrer &agrave; une heure raisonnable" sans &ecirc;tre d&eacute;couverte.
Elle finit par renoncer, quand elle entend le battement du c&oelig;ur de son f&oelig;tus &agrave; l'&eacute;chographie."Si j'y &eacute;tais arriv&eacute;e avant, je l'aurais fait", dit-elle, d'une voix bris&eacute;e.

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