Aux commandes du pays depuis la fin officielle de l'apartheid il y a vingt-cinq ans, le mouvement de l'icône Nelson Mandela sort affaibli des neuf ans du règne toxique de Jacob Zuma, marqués par une litanie de scandales de corruption.
Lors des élections locales en 2016, l'ANC a pris une claque en perdant le contrôle de plusieurs municipalités emblématiques comme Johannesburg et Pretoria.
L'arrivée il y a un an de Cyril Ramaphosa à la tête du parti et du pays semble toutefois avoir enrayé sa chute.
Un récent sondage de l'institut Ipsos le crédite de 61% des intentions de vote et d'une majorité absolue au Parlement, en nette hausse sur les 54% - le plus bas score national de son histoire - recueillis il y a deux ans.
A petites touches, l'ancien vice-président Ramaphosa, un syndicaliste proche de Mandela reconverti avec succès dans les affaires, a entamé un patient travail de rupture avec l'héritage sulfureux de son prédécesseur.
"Sans Ramaphosa, l'ANC ne serait pas en mesure de remporter cette élection", tranche à l'AFP l'analyste Xolani Dube, du centre de réflexion Xubera, "l'ANC se dirigeait vers une probable défaite mais Ramaphosa est arrivé en sauveur".
Si la victoire de son parti semble certaine, beaucoup d'observateurs prédisent au chef de l'Etat, élu par la majorité parlementaire, de sérieuses difficultés.
D'abord parce que la position de Cyril Ramaphosa au sein de l'ANC reste particulièrement fragile.
Un an après sa démission forcée, Jacob Zuma a été rattrapé par la justice, inculpé dans une vieille affaire de pots-de-vins.Plusieurs de ses proches ont été écartés et leur entreprise de pillage des deniers publics exposée au grand jour.
Mais "l'ex" garde des soutiens au sein du parti, notamment dans son fief du KwaZulu-Natal où sera donné samedi le coup d'envoi de la campagne du parti.Certains susurrent même son nom pour revenir au Parlement.
- Nombreux défis -
M. Ramaphosa ne s'y est pas trompé, en s'affichant cette semaine ostensiblement avec son encombrant prédécesseur au nom de "l'unité" de l'ANC.
"Il doit tenir compte du fantôme de Jacob Zuma qui rôde dans les rangs de l'ANC", explique Xolani Dube.
La position du chef de l'Etat est aussi fragilisée par la situation économique du pays, désespérément englué dans la croissance molle et le chômage de masse.Malgré ses appels du pied répétés, M. Ramaphosa peine à rassurer les marchés.
Son arrivée "a été accueillie avec un bel optimiste", a écrit la banque suisse UBS dans sa note de conjoncture pour 2019, "sa volonté de réforme est ferme mais les défis sont nombreux".
Vingt-cinq ans après l'avènement de la démocratie, le bilan de l'ANC à la tête de l'Afrique du Sud reste, malgré d'incontestables progrès, très mitigé.
Des millions de Sud-Africains continuent à vivre dans des taudis, privés d'électricité et d'assainissement, l'éducation et la santé publiques sont souvent rudimentaires et la criminalité galopante.Surtout, les inégalités, notamment raciales, restent criantes.
Dans ce climat, la chance du président réside peut-être dans les limites affichées par ses adversaires.
Son discours centriste étouffe la très modérée Alliance démocratique (DA).Et la rhétorique radicale des Combattants pour la liberté économique (EFF, extrême-gauche ) du bouillant Julius Malema fait figure d'épouvantail.
A cinq mois du scrutin, Cyril Ramaphosa a reconnu les difficultés de sa tâche."(L'ANC) a connu l'échec, le déclin et les dérives", a-t-il noté cette semaine, "nous sommes à un moment-clé de notre histoire où nous devons nous renouveler".
"En fait", a résumé récemment le journaliste Jan Joubert, "les élections de 2019 vont se jouer entre ceux qui pensent que l'ANC de Ramaphosa peut vraiment rompre avec la corruption, et ceux qui n'y croient plus".
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