Comment raconter un siècle de bouleversements non pas pour une région, mais tout un continent ? C'est le "pari fou" ayant abouti à la série documentaire "Afrique(s)" présentée la semaine dernière à Libreville, affirme son réalisateur, le Français Alain Ferrari.
"Afrique(s), Une autre histoire du 20e siècle" est le titre complet de cette oeuvre composée de quatre films de 90 minutes, co-écrite par l'historien congolais Elikia M'Bokolo et le journaliste français Philippe Sainteny.
La série a été projetée à Libreville, en première grand public africaine, dans le cadre du 5e festival "Escales documentaire de Libreville" (22-27 novembre) en marge duquel une journaliste de l'AFP s'est entretenue avec M. Ferrari, auteur de plus de 40 documentaires, sans compter séries et fictions.
Elle "est née d'un pari fou, (...) pari délirant, de raconter l'histoire politique durant tout le 20e siècle non pas d'un pays, non pas de deux pays, non pas même de trois pays, mais de 53 pays, c'est-à-dire du continent africain", déclare l'homme, cheveux blancs, yeux souriants et air d'un grand-père débonnaire.
"C'était un pari fou mais un challenge extraordinaire pour un réalisateur un peu âgé comme moi, parce que ce n'était pas facile à faire", estime-t-il, refusant de dévoiler son âge."Il fallait d'abord faire un effort de synthèse pour résumer les grandes lignes de cette histoire politique, sans entrer dans le détail des 53 pays, (...) montrer à la fois les grandes lignes et ce qui, à chaque fois, apporte une nuance ou une différence."
Il a fallu près de quatre ans de travail et un budget de production hollywoodienne qu'Alain Ferrari tait.Cependant, consent-il à lâcher, "le producteur (Tancrède Ramonet, NDLR) a une super dette de je n'ose pas vous dire combien de centaines de milliers d'euros.Mais il assume ça, (...) il fallait des gens prêts à s'embarquer dans cette histoire qui était très casse-gueule".
La série raconte une histoire marquée par les horreurs de guerres et répressions, avec des images souvent insoutenables de charniers ou corps démembrés, déchiquetés, éventrés, brûlés, ce qu'ont reproché certains spectateurs aux auteurs lors de débats ayant suivi les projections.
"Ces images ne viennent que pour souligner un propos.Il n'y a aucune délectation particulière à (les) montrer", avait réagi Philippe Sainteny.
Les films sont aussi traversés par des moments plus heureux: l'euphorie du Ghanéen Kwamé Nkrumah à l'indépendance de son pays ou, selon l'expression du poète Aimé Césaire dans un des films, le "carillonnement de toutes les cloches en train de sonner: +Nelson Mandela!+" à la libération du Sud-Africain icône de la lutte anti-apartheid...
"Ce qui est dit et montré est exceptionnel (...).Le travail de recherche est considérable", salue notamment Africultures, site et revue dédiés aux cultures africaines.
Alain Ferrari, réputé spécialiste du travail sur les archives et habitué de films historiques, explique: "On a des archives qui viennent de beaucoup d'endroits, pratiquement de toutes les sociétés d'archives qui existent dans le monde", dont l'Institut national de l'audiovisuel (INA), co-producteur des films avec Temps Noir et la chaîne publique France 5.
"Une grande partie vient de l'INA mais l'INA n'a pas tout.(...) On s'est heurté à un problème majeur, la conservation de ces archives.Il y (en) a certaines qui sont dans un état épouvantable", affirme-t-il.
La série comporte aussi des entretiens avec "une trentaine de grands témoins", dont les ex-présidents Kenneth Kaunda (Zambie), Alpha Oumar Konaré (Mali), l'écrivain nigérian Wole Soyinka ou l'écologiste kényane Wangari Maathai.
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