Les jihadistes d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ont revendiqué l'attaque à la roquette qui a visé vendredi un site gazier du sud de l'Algérie sans faire de victime, trois ans après une prise d'otages meurtrière sur un autre complexe gazier du pays.
L'attaque a eu lieu sur le site de Khrechba près de la région d'In Salah (1.300 km au sud d'Alger), selon des employés et les compagnies qui l'exploitent, l'Algérien Sonatrach, le Britannique BP et le Norvégien Statoil.
D'après SITE, une organisation américaine qui surveille les sites internet islamistes, Aqmi a affirmé sur la messagerie Telegramm avoir tiré "plusieurs roquettes" sur le site et avoir notamment visé BP, "le pilleur de notre richesse".
Le ministère algérien de la Défense a indiqué que "deux obus de fabrication artisanale sont tombés, vendredi matin, près du poste de contrôle d'un site de la Sonatrach à Khrechba (...) sans causer de perte humaine ou matérielle".
"Cette tentative d'attentat terroriste" a été mise en échec par l'intervention du détachement de l'armée en charge de la protection du site, a précisé le ministère dans un communiqué.
L'un des employés du site, joint par l'AFP au téléphone, a précisé "qu'un groupe terroriste a attaqué vers 06H00 du matin à la roquette le site gazier à Khrechba"dans le Sahara algérien.
Le complexe, qui comprend deux bases de vie et un centre de production, est protégé par une clôture de sécurité le long de laquelle des militaires sont postés en permanence, a-t-il dit sous le couvert de l'anonymat.
"Les obus semblent avoir été tirés de loin" et l'armée est aussitôt intervenue, a-t-il poursuivi.
Dans un communiqué, la compagnie Statoil a elle aussi évoqué des "projectiles tirés de loin", en affirmant que ses trois employés étaient "sains et saufs".
"Nous sommes en contact avec nos partenaires et nous cherchons à assurer la sécurité des personnes" sur place, a de son côté indiqué BP, qui a dit dans un communiqué avoir été informé d'une attaque à la roquette n'ayant pas fait de victime.
La Sonatrach a elle précisé que cette "tentative d'attentat n'avait "eu aucun impact sur la production" du site.
- Appel à la vigilance -
Cette attaque intervient trois ans après la prise d'otages meurtrière d'In Amenas, autre site gazier du sud algérien.
Le 16 janvier 2013, un groupe de 32 islamistes, venus du Mali, avait pris en otage des centaines d'employés du complexe de Tiguentourine, à 40 km d'In Amenas.Les forces spéciales avaient lancé trois jours plus tard un assaut pour les libérer.Au total, 40 employés de dix nationalités ont été tués ainsi que 29 assaillants.
Une organisation islamiste proche d'Al-Qaïda, les "Signataires par le sang", avait revendiqué l'attaque lancée selon ce groupe en représailles à l'intervention militaire française au Mali.
Depuis, les autorités algériennes ont chargé des agents de sécurité de protéger les sites économiques gérés par des étrangers.
Le patron de l'armée algérienne, le général Ahmed Gaïd Salah, a récemment appelé à une vigilance accrue face à "l'aggravation inédite" de la situation sécuritaire dans la région notamment en Libye et en Tunisie.
Le sud-est de l'Algérie est frontalier de la Libye, pays en proie au chaos où sévit notamment le groupe Etat islamique (EI).
Le nord-est algérien est lui frontalier de la Tunisie, qui a été frappée en 2015 par trois attentats meurtriers spectaculaires revendiqués par l'EI et le 7 mars par des attaques jihadistes d'une ampleur sans précédent à Ben Guerdane, près de la Libye.
Alger a déployé des milliers de militaires le long de la frontière avec ces deux pays pour parer à d'éventuelles infiltrations de jihadistes, selon la presse locale.
La semaine dernière, l'armée avait annoncé avoir tué trois islamistes armés non loin de la frontière tunisienne et saisi six systèmes de missiles anti-aériens Stinger.
L'Algérie, qui est membre de l'Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep) et l'un des principaux exportateurs de gaz au monde, tire plus de 95% de ses recettes extérieures des hydrocarbures mais elle a perdu près de 50% de ses revenus extérieurs en raison de la chute des prix du brut depuis 2014.
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