Algérie: Bouteflika candidat à un 4ème mandat

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Alger (AFP)

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a déposé samedi, malgré ses 76 ans et ses soucis de santé, sa candidature pour un 4e mandat, après des semaines de suspens et de conflit au sein de la hiérarchie militaire sur son maintien au pouvoir.

M. Bouteflika a déposé sa demande de candidature pour le scrutin du 17 avril auprès du ministère de l'Intérieur et a retiré les formulaires pour collecter les signatures de parrainage, a annoncé un communiqué de la présidence diffusé par la télévision publique.

Auparavant, le Premier ministre Abdelmalek Sellal, directeur de campagne de M. Bouteflika en 2004 et 2009, avait annoncé cette candidature "en réponse à la demande pressante des citoyens et citoyennes de tout le pays".Il s'exprimait en marge d'un séminaire à Oran, à l'ouest d'Alger.

Au pouvoir depuis 1999, un record de longévité en Algérie, M. Bouteflika n'a plus pris la parole en public depuis son retour de 80 jours d'hospitalisation en France au printemps 2013 à la suite d'un AVC.Il n'a reçu que quelques responsables étrangers et n'a tenu que deux conseils des ministres.

Son dernier discours public en Algérie remonte à mai 2012 à Sétif, où il avait laissé entendre qu'il fallait laisser la place aux jeunes générations.

Les candidats ont jusqu'au 4 mars à minuit pour déposer leur candidature, qui doit recueillir le parrainage d'au moins 60.000 électeurs ou de 600 élus dans au moins 25 wilayas (préfectures).Le Conseil Constitutionnel aura dix jours pour annoncer la liste des candidats retenus, et la campagne officielle s'ouvrira le 23 mars.

Plus de 80 personnes, parmi lesquelles de vieux routiers de la vie politique, ont annoncé leur intention de se porter candidat au scrutin.

Ali Benflis, 69 ans, un "réformateur" et défenseur des droits de l'Homme très apprécié des intellectuels, s'annonce comme le plus sérieux rival à M. Bouteflika.

Premier ministre durant le premier mandat de M. Bouteflika, M. Benflis avait déjà été candidat malheureux (6,4%) contre lui en 2004.M. Bouteflika avait été réélu avec 85% des voix et M. Benflis avait crié à la fraude.

Le principal parti islamiste algérien, le Mouvement de la société pour la paix (MSP), intégré à l'alliance présidentielle jusqu'en 2012, a en revanche annoncé sa décision de boycotter le scrutin, dénonçant "l'absence de véritable opportunité pour une réforme politique" et un manque de transparence.

 

 - Armée divisée -

 

Depuis l'instauration du multipartisme en Algérie en 1989, l'opposition dénonce systématiquement des fraudes en faveur du candidat du parti au pouvoir.

M. Bouteflika avait d'ailleurs accédé à la présidence en 1999 grâce au soutien des militaires lors d'une élection marquée par le retrait de ses adversaires, qui avaient invoqué une fraude annoncée.

Dans ce contexte, le président avait ordonné jeudi au gouvernement de garantir la "crédibilité" de l'élection présidentielle et demandé aux médias publics de faire preuve "de rigueur professionnelle (...) pour garantir un traitement équitable pour tous les candidats".

Ces dernières semaines, l'armée s'est déchirée par médias interposés sur un soutien à un quatrième mandat de M. Bouteflika, qui est monté au créneau mardi pour dénoncer des tentatives de "déstabilisation" visant selon lui la présidence et l'armée et qui font croire à des divisions au sein de l'institution militaire.

Le patron du Front de libération nationale (FLN, majoritaire à l'Assemblée), Amar Saïdani, répétait depuis des semaines que le président était le candidat de son parti, et a accusé le patron du renseignement, le tout-puissant général Mohamed Médiene dit Toufik, d'être hostile à un nouveau quinquennat de M. Bouteflika.

D'anciens hauts responsables militaires et d'ex-ministres se sont relayés dans les journaux pour défendre les services de renseignement.

Parmi eux, le général à la retraite Hocine Benhadid a même appelé M. Bouteflika à partir "dignement", estimant qu'il était un homme "malade" et "otage de son entourage" et s'en prenant particulièrement à son frère, Saïd Bouteflika, ainsi qu'au chef d'Etat-major de l'armée, le général Ahmed Gaïd Salah.

 

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