Algérie: élection du président, Bouteflika favori

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Alger (AFP)

Les Algériens ont commencé jeudi à élire leur président lors d'un scrutin a priori sans surprise, le sortant Abdelaziz Bouteflika apparaissant comme le favori malgré ses ennuis de santé.

Ouverts depuis 08H00 (07H00 GMT), les bureaux de vote doivent fermer à 19H00 (18H00).Les résultats doivent être proclamés officiellement vendredi.

Après avoir entretenu un certain suspense, la presse semblait déjà se résigner à une reconduction inéluctable de M. Bouteflika pour un quatrième mandat de cinq ans.

"C'est juste le rideau qui tombera ce soir sur un moment de théâtralisation politique de mauvais goût", observait le quotidien El Watan, en parlant d'un "scrutin dénué de crédibilité et d'ouverture".

Pour Liberté, "les véritables manoeuvres commenceront au lendemain du 17" avril, le scrutin en lui-même étant "dénué d'enjeux rééls".

Sur le terrain, plus de 260.000 policiers et gendarmes ont été déployés pour assurer la sécurité de près de 23 millions d'électeurs appelés à voter dans 50.000 bureaux en faveur de l'un des six candidats en lice, dont l'ex-Premier ministre Ali Benflis et une femme, la députée trotskyste Louisa Hanoune.

A Alger, certains policiers étaient armés de kalachnikov ou de fusils à pompe. 

Les bureaux de vote ont ouvert en présence de représentants de chaque candidat.Le chef de bureau devait ouvrir les urnes transparentes pour montrer qu'elles étaient bien vides. 

M. Bouteflika, qui souffre de séquelles d'un AVC subi il y a un an ayant réduit ses capacités d'élocution et de mobilité même après trois mois d'hospitalisation en France, n'a pas mené lui-même campagne, laissant sept proches sillonner le pays en son nom.Mais il "accomplira son devoir électoral ce jeudi à 10H00 (09H00 GMT) à l'Ecole Cheikh Bachir El-Ibrahimi à El-Biar", sur les hauteurs d'Alger, selon un communiqué de son équipe, ce qui constituera sa première apparition publique depuis le 8 mai 2012.

A cette date, il avait laissé croire à une succession ouverte en déclarant que sa génération avait "fait son temps".Le 22 février, il a finalement annoncé sa décision de briguer un quatrième mandat après une lutte au sommet de l'Etat et malgré les doutes sur ses capacités à diriger le pays.

Quarante-huit heures avant l'ouverture des bureaux de vote, il a exhorté les Algériens à se rendre aux urnes.

Le taux de participation sera en effet un des enjeux de la consultation.A la présidentielle de 2009, il était officiellement de 74,11%.Un câble de l'ambassade américaine à Alger révélé par Wikileaks l'avait cependant estimé entre 25 et 30%.

Une coalition de cinq partis d'opposition a appelé au boycottage du scrutin, plaidant en faveur d'une "transition démocratique", tandis que le mouvement Barakat ("�?a suffit"), hostile à un quatrième mandat de M. Bouteflika, a estimé que cette élection était "un non-événement".

 

- Réaction musclée -

 

Mercredi, la police a empêché sans ménagement une manifestation de Barakat à Alger, préfigurant une réaction musclée des forces de l'ordre si le résultat devait être contesté dans la rue, comme on en a prêté l'intention à Ali Benflis, le principal adversaire de M. Bouteflika, qui a démenti.

Outre la participation, c'est la fraude qui "a toujours régné sur les élections algériennes", insistait encore jeudi El Watan, qui fait débat, après les récentes révélations d'un ancien wali (préfet) confirmant que cette pratique avait bien lieu.

Principal rival de M. Bouteflika et connaisseur des affaires du sérail, M. Benflis a fait de cette question un thème majeur. 

Humilié à la présidentielle de 2004 (6%) par celui dont il fut l'homme de confiance au début de son premier mandat (1999/2004), M. Benflis pense qu'une revanche est à portée de main.

Ses mises en garde répétées sur les risques de fraude ont fini par mettre de l'électricité dans une campagne terne et par faire sortir M. Bouteflika de son silence.

Devant deux hôtes de marque, le chef de la diplomatie espagnole José Manuel Marcia-Margallo puis l'émissaire international pour la Syrie Lakhdar Brahimi, M. Bouteflika a accusé sans le nommer M. Benflis de "terrorisme" et de volonté de "fitna" (dissension).

Un argument massue dans un pays qui n'a pas encore pansé les plaies d'une guerre civile déclenchée à la suite d'un processus électoral avorté en 1992.

 

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