Une douzaine de détenus ont recouvré la liberté depuis le début de la matinée, selon des défenseurs des droits humains.
Dès les premières heures du jour, familles, proches, journalistes et militants se sont rassemblés devant la prison de Koléa, à l'ouest d'Alger, a constaté l'AFP.
On ignorait dans l'immédiat l'identité des personnes libérées.Mais parmi les prisonniers de Koléa, figure le journaliste Khaled Drareni, devenu le symbole du combat pour la liberté de la presse en Algérie, condamné à deux ans de prison en septembre dernier.
"Derrière ce grillage, nous attendons Khaled (Drareni).Nous somme tous optimistes", témoigne un journaliste, Mohamed Sidoummou.
Il n'est pas néanmoins certain que ce journaliste, correspondant en Algérie de la chaîne francophone TV5 Monde et de l'ONG Reporters sans frontières (RSF), bénéficie de la mesure présidentielle, selon des avocats.
M. Drareni attend en effet que la Cour suprême se prononce le 25 février sur son pourvoi en cassation.
"La grâce ne concerne que les personnes jugées définitivement.Dans beaucoup d'affaires, comme celles de Drareni ou de (l'opposant) Rachid Nekkaz, il n'y a pas encore eu de jugement définitif", explique à l'AFP Mostefa Bouchachi, avocat et vétéran des droits humains.
Mais il est possible que certains détenus non jugés puissent être remis en liberté provisoire par un juge d'instruction ou la chambre d'accusation.
- "Changer le système" -
"La libération de personnes non condamnées pose problème sur le plan juridique pour le pouvoir, à moins de reconnaître que la justice a mal fonctionné, ou que leur mise en détention préventive a été clairement décidée en dehors de la loi", souligne l'écrivain et chroniqueur Abed Charef, dans une tribune publiée par le site Middle East Eye.
Dans son discours à la nation jeudi, M. Tebboune a affirmé qu'"entre 55 et 60 personnes rejoindront à partir de (jeudi) soir ou demain (vendredi) leurs familles", en référence aux détenus graciés, sans divulguer de noms.
Selon le CNLD, quelque 70 personnes sont en prison en lien avec le Hirak et/ou les libertés individuelles.
Le geste d'apaisement du président, sitôt de retour d'un longue hospitalisation en Allemagne, survient avant le 2e anniversaire du Hirak, le 22 février 2019, qui a forcé l'ex-homme fort Abdelaziz Bouteflika à quitter le pouvoir.
Le mouvement contestataire, suspendu depuis mars dernier en raison de la crise sanitaire, continue d'exiger le démantèlement du "système" politique en place depuis l'indépendance en 1962.
Des appels à manifester lundi dans tout le pays circulent sur les réseaux sociaux.
- "Faire pression" -
Des forces de police étaient d'ailleurs déployées en grand nombre vendredi, qui fut le traditionnel jour des marches du Hirak, dans le centre d'Alger, notamment aux alentours de la Grande poste, lieu de rassemblement emblématique.
"Les Algériens vont continuer à manifester pacifiquement pour faire pression sur le système afin qu'il change réellement", prédit Me Bouchachi.
Des milliers d'Algériens se sont déjà rassemblés mardi à Kherrata, ville de l'est de l'Algérie considérée comme le berceau du soulèvement, pour réclamer "la chute du régime" et "la libération des détenus d'opinion".
"A part la libération des détenus (...), Tebboune maintient toujours sa feuille de route et maintient son agenda d'aller aux législatives pour achever le Hirak", déplore Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH).
M. Tebboune a promis de dissoudre l'Assemblée nationale et d'organiser des élections législatives anticipées d'ici la fin de l'année mais sans fixer de date.
"La démocratie ne se résume pas aux élections mais à l'exercice des libertés démocratiques.Le Hirak revendique un changement du système via un processus démocratique authentique et ouvert", insiste M. Salhi.
Le président a par ailleurs annoncé un remaniement ministériel "dans les 48 heures au maximum", pour faire face à la triple crise politique, économique et sanitaire.
"En offrant des perspectives électorales et de participation à la vie politique, le président espère changer la donne, et remettre la vie politique dans les institutions pour l'extraire définitivement de la rue", analyse Abed Charef.
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