"Cela fait 30 ans que j'apprends aux côtés du président Alassane Ouattara", explique-t-il volontiers, pour justifier de sa légitimité, mais sans mesurer peut-être que la formule peut aussi le désigner comme l'éternel lieutenant et le desservir.
Agé de 61 ans, Premier ministre depuis 2017, Gon Coulibaly a en effet accompli toute sa carrière dans l'ombre du président Ouattara dont il est un des tout proches et dont il a la confiance.
Après des études en France (diplôme de l'Ecole des Travaux publics), il débute sa carrière politique comme conseiller technique de M. Ouattara, qui est alors Premier ministre, de 1990 à 1993.
Il participe aux côtés d'Alassane Ouattara à la création du Rassemblement des Républicains (RDR), dissidence de l'ex-parti unique du président Félix Houphouët-Boigny, en 1994.
Amadou Gon Coulibaly devient ensuite haut-fonctionnaire, est député (1995-1999) puis entre au gouvernement de réconciliation nationale, lors de la crise ivoirienne des années 2000, comme ministre de l'Agriculture (2003-05, puis 2006-10).
Son ascension au premier plan politique coïncide avec la prise de pouvoir d'Alassane Ouattara en 2011 : Gon Coulibaly devient secrétaire général de la présidence, un poste stratégique.
En 2017 enfin, il est nommé Premier ministre, et s'impose comme le dauphin du président.Réputé gros travailleur, il maîtrise bien les circuits financiers internationaux, comme son mentor.Il a d'ailleurs la charge du ministère du Budget, en plus de la primature, et met l'accent sur la bonne gestion macroéconomique, au détriment de l'action sociale, selon l'opposition.
- Le lion de Korhogo -
Lorsqu'Alassane Ouattara transforme en 2018 le RDR en "parti unifié", le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), "AGC" en devient le président du directoire, encore un signe de son importance politique.
Surnommé "le lion", pour son tempérament fougueux et réputé ne pas reculer devant l'adversité, ce Senoufo (ethnie majoritaire du Nord ivoirien) est issu d'une grande famille de Korhogo, et est à ce titre très influent chez les chefs traditionnels.
Il a été maire de Korhogo, la quatrième ville du pays, de 2001 à 2018 et député de la circonscription (2011-2018).
Malgré ce brillant CV, Amadou Gon Coulibaly souffre d'un manque de charisme auprès de la population, de l'avis des observateurs.Sa désignation comme candidat à la présidentielle a fait grincer des dents plusieurs hiérarques du RHDP, qui se seraient bien vus à sa place...
Pourtant, lors des meetings, il sait jouer les bêtes de scène avec des formules comme "2020 c'est bouclé et géré !" ou "Tchoko-tchoko on va gagner!".
"Il est, après Alassane Ouattara, la personnalité qui fait le plus consensus auprès des cadres, des élus et des militants", estime la députée de Guiberoua (centre-ouest) Belmonde Dogbo.
Il a assumé pendant "deux décennies des hautes responsabilités politiques et gouvernementales qui font qu'il est respecté de tous ses collaborateurs", rappelle le ministre le ministre de la Promotion de la Jeunesse Mamadou Touré.
"+AGC+ est un modèle pour notre génération", témoigne le jeune ministre de la Promotion des PME, Félix Anoblé, maire de San Pédro, deuxième ville portuaire de Côte d'Ivoire.
En le désignant rapidement, sans vote et de façon inattendue lors d'un bureau politique, "le RHDP a accéléré le tempo pour laisser le temps à Amadou Gon Coulibaly de faire campagne, d'être visible" avant le scrutin présidentiel d'octobre 2020, estime le politologue Jean Alabro.
Ces derniers mois, "AGC" a occupé le terrain en contact avec la population, inaugurant des projets d'infrastructures, des châteaux d'eau, des marchés, des routes et des travaux d'électrification.Il est aussi devenu plus avenant avec les journalistes.
Né le 10 février 1959, il est marié et père de cinq enfants.
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