Après la Guinée frappée par des cas de fièvre hémorragique, dont celle provoquée par le virus Ebola, qui ont fait une soixantaine de morts depuis janvier, six cas suspects d'Ebola ont été détectés lundi au Liberia voisin, dont cinq mortels.
"Jusqu'à ce matin (lundi), six cas ont été détectés, dont cinq sont déjà morts: quatre femmes et un enfant de sexe masculin", indique un communiqué du ministre libérien de la Santé, Walter Gwenigale, en précisant que le sixième cas est une petite fille, actuellement "sous traitement".
Ces personnes, dont les nationalités n'ont pas été précisées, étaient venues du sud de la Guinée pour se faire soigner dans des hôpitaux du nord du Liberia, dans la région de Lofa, près de la frontière, selon le ministre.
Des inspecteurs libériens de santé se trouvent dans cette région depuis le 21 mars et ils "enquêtent déjà sur la situation, remontent les contacts (des cas suspects), font des prélèvements sanguins et sensibilisent les autorités sanitaires sur la maladie", a-t-il ajouté.
A Conakry, le ministère de la Santé et l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) ont indiqué dans un communiqué que "la Guinée a enregistré du mois de janvier au 23 mars un nombre total de 87 cas suspects de fièvre hémorragique virale dont 61 décès", essentiellement dans le Sud.
De premières analyses d'échantillons effectuées par l'Institut Pasteur de Lyon, en France, ont montré que ces cas de fièvre dans le sud de la Guinée étaient dus au virus Ebola qui provoque une fièvre hautement contagieuse, des vomissements et des diarrhées qui tuent dans la plupart des cas.
Aucun traitement ne peut guérir cette fièvre et seules des mesures préventives peuvent empêcher sa propagation, ce à quoi s'activent actuellement les autorités guinéennes, la Croix-Rouge locale et les organisations internationales spécialisés, OMS, Unicef et les sections belge et suisse de Médecins sans frontières (MSF).
Les trois cas de fièvre hémorragique ayant provoqué la mort de deux personnes à Conakry ne sont pas dus au virus Ebola, mais les organisations internationales et les autorités guinéennes s'employaient lundi à éviter une propagation du virus tueur.
"Pour l'instant, il n'y a pas de fièvre Ebola à Conakry, mais une fièvre hémorragique dont la nature reste à déterminer", a déclaré à l'AFP le Dr Sakoba Keïta du ministère guinéen de la Santé après avoir reçu les premiers résultats d'analyses effectuées à l'institut Pasteur de Dakar.
Ces déclarations contredisent les informations données dimanche par l'Unicef affirmant que la maladie, due à Ebola, s'était "propagée rapidement des communautés de Macenta, Guéckédou, et Kissidougou (sud, ndlr) à la capitale, Conakry".
Le ministère guinéen de la Santé a demandé aux populations de garder "calme et sérénité" car "la maladie reste circonscrite et sous contrôle".
- Mesures spécifiques, équipes renforcées -
Le ministère de la Santé et ses partenaires ont déjà pris les mesures suivantes: traitement gratuit de tous les malades dans des centres d'isolement, information et sensibilisation des populations sur les mesures d'hygiène individuelles et collectives, traitement spécifique des corps des malades décédés et recensement de toutes les personnes qui ont eu des contacts directs avec les malades morts - en particulier le personnel médical - et ceux présentant des signes de fièvre, diarrhée, vomissement, fatigue prononcée et/ou saignement.
Des messages de sensibilisation sont en outre diffusés dans tous les médias guinéens.
Des équipes de MSF et de l'OMS sont déjà présentes en Guinée et vont être renforcées pour participer à la mise en place de ces mesures et distribuer des kits d'hygiène et de protection individuelle dans les zones touchées.MSF a actuellement une trentaine de personnes présentes en Guinée.
Des spécialistes des instituts Pasteur de Dakar et de Lyon sont aussi attendus en Guinée.
Plusieurs pays voisins, dont le Sénégal et la Côte d'Ivoire, ont réactivé leur système de surveillance épidémiologique.En Sierra Leone, des contacts ont eu lieu avec le gouvernement guinéen et des équipes médicales ont été envoyées à la frontière avec la Guinée.
L'ONG d'aide à l'enfance Plan International a mis en garde contre une propagation dans cette région frontalière, en soulignant que les enfants étaient les plus vulnérables.
Le virus Ebola se transmet par contact direct avec le sang, les liquides biologiques ou les tissus des sujets infectés mais aussi par le contact avec des animaux infectés.
Il tire son nom d'une rivière du nord de la République démocratique du Congo (ex-Zaïre) où il a été repéré pour la première fois en 1976.Depuis, il a provoqué la mort d'au moins 1.200 personnes pour 1.850 cas avérés.
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