Plus de six ans après avoir tenté d'exfiltrer du Tchad 103 enfants présentés comme des orphelins du Darfour, le président de L'Arche de Zoé Eric Breteau et sa compagne Emilie Lelouch ont été condamnés vendredi en appel à deux ans de prison avec sursis.
En première instance, ils avaient été condamnés à trois ans de prison dont deux ferme.
La cour d'appel de Paris les a déclarés coupables d'escroquerie au préjudice de familles qui comptaient accueillir les enfants en France.Elle les a aussi condamnés pour exercice illicite de l'activité d'intermédiaire à l'adoption, mais pas de tentative d'aide à l'entrée de mineurs en situation irrégulière, contrairement au premier procès.
Leur avocate, Céline Lorenzon, a simplement qualifié auprès de l'AFP de "grosse victoire" le fait que ses clients aient été relaxés de ce chef.
Leur sursis comprend une mise à l'épreuve qui les oblige notamment à indemniser les parties civiles.Ils ont en outre été condamnés à une interdiction d'exercer l'activité professionnelle d'accueil, d'hébergement ou de placement de mineurs pendant une durée de cinq ans.
Retenu pour raison professionnelle, Eric Breteau, 43 ans, n'était pas présent au délibéré.Emilie Lelouch, 37 ans, visage fermé, n'a fait aucune déclaration.
La cour d'appel a relaxé le logisticien Alain Péligat, qui n'était poursuivi que pour tentative d'aide à l'entrée de mineurs en situation irrégulière.En première instance, il avait été condamné à six mois de prison avec sursis.
"Pendant des années on nous a dit qu'on était des salauds, des enfoirés, des pédophiles, trafiquants d'organes, qu'on a volé des enfants", a-t-il déclaré, soulagé."On a été entendus", "ce procès en appel ça a été une délivrance".
- 'Une question d'honneur' -
L'évacuation des enfants, affublés de faux pansements, avait été stoppée net le 25 octobre 2007 lorsque les bénévoles de l'association avaient été arrêtés en route vers l'aéroport d'Abéché, dans l'est du Tchad, où ils devaient les faire embarquer à bord d'un avion.Destination la France où les attendaient des familles d'accueil.Au Tchad, L'Arche de Zoé avait caché aux autorités, pour des raisons de sécurité selon Breteau, le but ultime de l'opération.
Lors du procès, le couple avait manifesté sa satisfaction lorsque la cour s'était trouvée confrontée au flou concernant la nationalité des enfants.L'Arche de Zoé prétendait ramener en France des orphelins de la région soudanaise du Darfour, en proie à une guerre civile.
A l'époque, plusieurs institutions internationales et organisations non gouvernementales ont affirmé que la plupart des enfants venaient de villages de la région frontalière entre le Tchad et le Soudan, autour des localités tchadiennes d'Adré et de Tiné, et que la quasi-totalité d'entre eux avaient au moins un parent ou un adulte qu'ils considéraient comme tel.
Le pompier Dominique Aubry, l'un des bénévoles de l'opération, s'est dit "un peu écoeuré" de ne pas avoir été reconnu comme victime.Il aurait souhaité "ne serait-ce que l'euro symbolique", puisque "c'est pas une question d'argent, c'est une question d'honneur".
"On peut se faire rouler dans la farine, insulter, faire de la taule, et tout ça pour rien", a-t-il ajouté, "je ne comprends pas qu'on ne reconnaisse pas le fait qu'on nous ait trompés".
"Après ce qu'ils ont vécu", "c'est dur", a déclaré son avocat, Olivier Desandre-Navarre, qui défend aussi l'infirmière Nadia Merimi."Les tromperies, les mensonges" subis par ces "deux vrais bénévoles" sont "à longueur de page dans le dossier", a-t-il soufflé.
Pour Cécile Hervy, famille d'accueil avec son époux, "on ne joue pas avec des enfants".A l'époque, "ça a été dur", a-t-elle poursuivi, désirant "passer à autre chose".
Tout comme trois autres bénévoles, Eric Breteau, Emilie Lelouch et Alain Péligat avaient été condamnés au Tchad à huit ans de travaux forcés pour tentative d'enlèvement d'enfants.La peine avait été commuée en années de prison en France, avant que le président tchadien Idriss Deby ne prononce une grâce en leur faveur.
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