"Au moins 20 civils ont été tués au village de Boga et au moins 19 au village de Tchabi en (territoire d'Irumu dans la province de l'Ituri) dans la nuit d'hier (dimanche) à aujourd'hui"(lundi), a indiqué le Baromètre sécuritaire du Kivu (KST).Deux responsables locaux, interrogés par l'AFP, ont fait état de 36 morts pour la seule attaque de Boga, mais ce chiffre n'a pas été confirmé de source indépendanteLes assaillants y ont pris pour cible le site de déplacés de Rubingo, non loin du centre de Boga, selon ces sources, précisant que les corps étaient encore en train d'être comptabilisés.Parmi les victimes de l'attaque de Tchabi se trouve la femme du responsable de la chefferie de Banyali-Tchabi, a indiqué par ailleurs le KST.Un responsable de la société civile locale a attribué ces tueries aux rebelles ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF). La région est cependant aussi marquée par de forts antagonismes entre ethnies locales.Pour les deux responsables locaux précités, "il est difficile d'attribuer ces attaques aux ADF" étant donné que d'autres conflits à caractère ethnique couvent, selon eux, dans la zone, notamment entre les Nyali et les Banyabwisa. Ces derniers sont des Hutu congolais d'origines rwandaises.Les deux villages attaqués, distants d'environ 10 km, sont à la limite entre le Nord-Kivu et l'Ituri, dans une zone, frontalière avec l'Ouganda, où les ADF sont réputés actifs. D'après ces deux responsables, le site de déplacés de Rubingo attaqué abrite des Nyali, tandis qu'un autre site situé à environ 400 mètres, occupé majoritairement par les Banyabwisha, a été épargné, alimentant localement les spéculations sur l'identité des assaillants.L'armé a confirmé les attaques, sans plus de détails. Province aurifère à la frontière avec l'Ouganda et le Soudan du Sud, l'Ituri a longtemps été une région troublée par les violences et les massacres au cours des trois dernières décennies.Entre 1999 et 2003, un conflit communautaire avait fait des dizaines de milliers de morts. Des membres des communautés Lendu et Hema s'étaient entretués par milices interposées jusqu'à l'intervention en 2003 de la Force européenne Artémis, sous commandement français. Après quelques années d'accalmie, la province a renoué avec les violences depuis décembre 2017, mais plus au nord, dans le territoire de Djugu, avant de toucher aussi les territoires d'Irumu, Mahagi et Aru, sur la façade orientale de la province.Une grande partie de ces violences, qui ont fait plus de 1.000 morts et des milliers des déplacés, est imputée aux membres d'un groupe Maï-Maï appelée la Coopérative pour le développement du Congo (Codeco). Aujourd'hui scindée en plusieurs factions rivales, la Codeco prétend défendre les intérêts des Lendu.Quand aux ADF, ils ont multiplé ces derniers mois leurs attaques meurtrières plus au sud, dans la province du Nord-Kivu, mais des massacres leur ont également été attribuées en Ituri, dans des zones limitrophes du Nord-Kivu.A l'origine rebelles musulmans ougandais installés en RDC depuis 1995 où ils ont fait souche, les ADF sont de loin le plus meurtrier des 122 groupes armés recensés dans l'Est congolais par le KST.Le 11 mars, les Etats-Unis ont placé les ADF parmi les "groupes terroristes" affiliés aux jihadistes de l'organisation État islamique (EI).
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