Sur les murs de la mairie de Beira, comme dans tout le Mozambique, le président Armando Guebuza pose en costume bleu, sourire compassé aux lèvres.Mais la ville est une exception: elle est la seule municipalité aux mains de l'opposition.
"Je suis le seul maire du pays à ne pas appartenir au parti au pouvoir", le Front de libération du Mozambique (Frelimo), souligne Daviz Simango, 46 ans, qui gère depuis six ans la cité portuaire de 500.000 habitants, fenêtre sur l'océan Indien d'une nation encore très enclavée.
"Ce n'est pas une position facile, surtout ici, au Mozambique, où il y a une grande confusion entre le parti au pouvoir et le gouvernement, ajoute-t-il: on ne sait pas où l'Etat commence et où le parti s'arrête..."
Le Frelimo assure ainsi qu'une vingtaine de bâtiments municipaux lui appartiennent et exige que la mairie de Beira verse un loyer pour leur usage.L'affaire attend une décision de la Cour suprême après des décisions favorables au parti en première instance.
L'ex-mouvement marxiste qui dirige l'ancienne colonie portugaise depuis son indépendance en 1975, n'a cessé de renforcer son autorité depuis la fin de la guerre civile (1976-1992).
Aux dernières élections nationales, en novembre 2009, il a raflé plus de 75% des suffrages.Le président Guebuza -qui exerce un "contrôle quasi total de son parti et du pays" selon la revue d'analyses Economist intelligence Unit- a été reconduit pour un second mandat.
Un an plus tôt, lors des scrutins municipaux, le Frelimo avait emporté toutes les mairies.Sauf celle de Beira, la deuxième ville du pays, où Daviz Simango avait été réélu pour un second mandat avec plus de 62% des voix, en tant que candidat indépendant.
Sa popularité est due à ses efforts pour embellir la cité."Avant, on ne pouvait pas marcher sans regarder où on mettait les pieds, il y avait des détritus et des étrons par terre", rappelle Nelson Moda, étudiant à Beira.
"Maintenant, ça va mieux, on a de belles routes, de nouveaux bâtiments", dit-il.Parcs publics, éclairages et avenues pavées viennent étayer ses propos.
Daviz Simango assure pourtant "ne pas être capable de faire au mieux" et accuse le pouvoir central de lui mettre des bâtons dans les roues.
Fonds nationaux retardés, pressions sur les investisseurs, vandalisme dans les chantiers municipaux...Selon l'édile, le Frelimo ne recule devant rien pour l'empêcher de "faire du bon boulot".
"Il ment, c'est honteux!", rétorque Josefo Samuel Nguenha, chef du groupe Frelimo au conseil municipal."Nous ne faisons pas d'obstruction", assure l'élu, accusant son opposant d'utiliser la ville de Beira à des fins personnelles.
"Il a été élu comme indépendant mais il a utilisé sa fonction pour créer son nouveau parti", le Mouvement démocratique du Mozambique (MDM), affirme le conseiller."Il utilise Beira pour se projeter sur la scène nationale !"
Daviz Simango a fondé le MDM en 2009 dans l'espoir d'ouvrir un espace entre le Frelimo et les anciens rebelles de la Résistance nationale du Mozambique (Renamo), avec lesquels il a commencé sa carrière politique.
Mais une grande partie de ses candidats ont été invalidés.Résultat: le MDM n'a remporté que 4% aux législatives, tandis que Daviz Simango décrochait 9% à la présidentielle.
"Lors des dernières élections, le Frelimo a dépensé énormément d'argent et il le refera la prochaine fois", affirme le maire qui appréhende déjà les municipales de 2013."Ca va être dur, très dur..."
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