Au Zimbabwe, l'opposition s'unit en rêvant de faire tomber Mugabe

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Harare (AFP)

C'était une condition nécessaire, mais pas suffisante, d'un éventuel succès.Au Zimbabwe, les principales figures de l'opposition ont fait alliance cette semaine dans l'espoir de mettre un terme au règne du maître absolu du pays, Robert Mugabe, aux élections de l'an prochain.

Mercredi, le chef du Mouvement pour un changement démocratique (MDC) Morgan Tsvangirai a dévoilé la signature d'un pacte avec l'ex-vice-présidente Joice Mujuru, jadis proche du chef de l'Etat mais récemment répudiée.

Le lendemain, il a officiellement tiré un trait sur la brouille qui l'opposait depuis 2005 à son vieil allié Welshman Ncube.

"Le Zimbabwe et l'intérêt de tout son peuple sont plus importants que n'importe lequel d'entre nous", a proclamé M. Tsvangirai."Nous devons aux générations futures et à nous-mêmes de tout faire pour ne pas échouer en 2018" aux prochaines échéances électorales, a renchéri M. Ncube.

"Nous avons hâte de voir le Zimbabwe redevenir le grand pays qu'il a été", a lancé pour sa part Mme Mujuru, qui dirige désormais le Parti national du peuple (NPP).

Depuis l'indépendance en 1980, Robert Mugabe règne d'une main de fer et sans partage sur l'ex-colonie britannique. 

Le Zimbabwe se débat depuis le début des années 2000 et une funeste réforme agraire dans une crise économique et financière dévastatrice qui a plongé ses 15 millions d'habitants dans le chômage de masse et la plus extrême pauvreté.

- Violences -

Malgré leur colère croissante, le président Mugabe a réussi à se maintenir au pouvoir au prix de fraudes électorales massives et à l'omniprésence d'une police qui réprime aussi violemment que systématiquement la moindre velléité de contestation.

En 2008, M. Tsvangirai a bien cru tenir sa victoire en devançant le sortant lors du premier tour de la présidentielle.

Mais l'intimidation et les violences -plusieurs centaines de morts- du régime ont eu raison de lui au second tour et permis à Robert Mugabe de prolonger son emprise.

Sans surprise, le président, qui a toujours refuser de désigner un dauphin, a été récemment investi par son parti, la Zanu-PF, pour briguer sa succession lors des élections de l'an prochain.

Mais la crise, des lézardes apparues au sein de la maison Mugabe et surtout l'affaiblissement manifeste du maître, qui a fêté en février ses 93 printemps, ont ravivé les espoirs de victoire de ses rivaux.Et accéléré leur indispensable rapprochement.

"Si quelqu'un dans ce pays attend de nous que nous allions aux élections divisés comme en 2008 et 2013 en espérant un autre résultat, ce serait (...) de la démence absolue.Et aucun d'entre nous n'est dément", a commenté Welshman Ncube. 

"C'est un pas dans la bonne direction (...) une opposition fragmentée ne favorise personne, si ce n'est la Zanu-PF", estime l'analyste politique Alois Masepe.

- Railleries -

Mais, s'empresse-t-il d'ajouter, les pactes et rabibochages annoncés ne suffiront pas à faire tomber Robert Mugabe.

"Le problème, c'est l'apathie politique des masses.La majorité de la population ne participe plus à la vie électorale et politique", note M. Masepe."Les chefs (de l'opposition) doivent trouver des stratégies pour faire revenir les gens vers eux".

Le contrôle permanent exercé par le parti au pouvoir et l'appareil policier sur le processus électoral constitue un autre défi. 

"Beaucoup plus doit être fait pour exposer au grand jour le système de triche mis en place par la Zanu-PF", insiste pour sa part Takavafira Zhou, politologue à l'université d'Etat de Masvingo (centre)."Et encore beaucoup plus pour faire en sorte que le scrutin se déroule sur un terrain équitable", dit-il.

Avant même leur annonce, Robert Mugabe, sûr de sa réélection, s'est permis de railler les efforts d'unité de ses rivaux.

"On regarde ça avec jubilation", s'est amusé au début du mois le chef de l'Etat devant ses troupes hilares.

"On observe avec joie qu'ils se tournent tous les jours les uns vers les autres en prétendant poursuivre ce mirage qu'ils ont appelé la grande coalition, apparemment inconscients de la grande défaite qui les regarde droit dans les yeux".

"Ils peuvent signer tous les accords qu'ils veulent", a moqué à son tour le porte-parole de la Zanu-PF Simon Khayta Moyo dans le quotidien d'Etat The Herald, "les accords ne votent pas..."

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