Malgré le bon déroulement des élections législatives du 10 mars, remportées par le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), ce petit pays lusophone d'Afrique de l'Ouest peine à sortir de la crise politique qu'il traverse depuis le limogeage en août 2015 par M. Vaz de M. Pereira, alors Premier ministre.La Cour suprême a rejeté le 15 mai un recours de l'opposition parlementaire contre la composition du bureau de l'Assemblée nationale, qui a transmis le 26 avril au chef de l'Etat le nom de M. Pereira pour le poste de Premier ministre. Selon l'arrêt de la Cour, ce recours aurait dû être porté devant une autre juridiction et le délai n'a pas été respecté. La veille, le PAIGC et ses alliés avaient fait descendre dans la rue plus d'un millier de personnes pour réclamer "la nomination immédiate et sans conditions de DSP" (les initiales de M. Pereira), à six mois de la date proposée pour la présidentielle, le 3 novembre.Mais lors d'une visite samedi à Contuboel (centre), M. Vaz a laissé entendre qu'il ne comptait pas effectuer cette nomination dans l'immédiat."La décision de nommer un nouveau Premier ministre ne dépend pas uniquement du président de la République. Cela dépend aussi du peuple", a-t-il affirmé, ajoutant: "Les Bissau-Guinéens doivent se parler, débattre de leurs problèmes".Le PAIGC a réagi dimanche en menaçant de mobiliser ses partisans en nombre."Le peuple bissau-guinéen a voté et un parti a gagné les législatives. Le bureau de l'Assemblée est déjà constitué et le Parlement fonctionne normalement", a déclaré Dionisio Pereira, président du mouvement des jeunes du PAIGC."Si d'ici mardi 21 mai le Premier ministre n'est pas nommé, nous occuperons à nouveau les rues, jusqu'à ce que le président signe le décret nommant le nouveau Premier ministre", a-t-il ajouté.Le chef du PAIGC a promis sur twitter que les prochaines marches seraient encore plus importantes si le président persistait à "ignorer la voix des urnes".Pour l'analyste politique Rui Landim, maintenant que la Cour suprême a statué, "le président n'a plus de marge de manoeuvre". "Il doit nommer un nouveau Premier ministre pour mettre fin à la crise", a-t-il déclaré à l'AFP.Le PAIGC et ses alliés contrôlent 54 des 102 sièges du Parlement. Le Madem, formé par 15 députés frondeurs du PAIGC, qu'ils ont amputé de sa majorité absolue dans l'Assemblée sortante, et le Parti pour la rénovation sociale (PRS) se partagent les 48 restants, respectivement 27 et 21.Depuis la reprise des travaux parlementaires le 18 avril, les débats achoppent sur le poste de deuxième vice-président de l'Assemblée, revendiqué par le Madem pour un de ses dirigeants, Braima Camara, mais rejeté par le PAIGC, qui le considère comme l'un des principaux artisans de la fronde.Le Madem a rejeté la décision de la Cour suprême comme "nulle et non avenue".Le Madem et le PRS invoquent le règlement intérieur du Parlement. Ce règlement prévoit que la présidence et la première vice-présidence reviennent au parti victorieux, tandis que la deuxième vice-présidence et les postes de premier et deuxième secrétaire sont attribués selon le nombre de sièges obtenus.La crise entre MM. Vaz et Pereira, pourtant issus du même parti, inquiète d'autant plus la communauté internationale que les élections de 2014 avaient marqué un retour progressif à l'ordre dans ce pays secoué par des tentatives de putsch à répétition.
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