Michèle Alliot-Marie a été entendue début mai comme témoin en qualité d'ancienne ministre de la Défense dans l'enquête sur le bombardement en 2004 du camp militaire français de Bouaké (Côte d'Ivoire), a-t-on appris mercredi de source judiciaire.
La juge d'instruction du Tribunal aux armées de Paris, Florence Michon, a entendu l'actuelle garde des Sceaux le 7 mai.Mme Alliot-Marie occupait les fonctions de ministre de la Défense au moment du bombardement.
Michèle Alliot-Marie avait elle-même demandé en mars au Conseil des ministres d'autoriser cette audition, voulue par la juge Michon, selon le ministre de la Défense Hervé Morin.
L'entourage de Mme Alliot-Marie n'a pu être joint dans l'immédiat.
Le 6 novembre 2004, deux avions Sukhoï-25 des forces loyalistes ivoiriennes bombardaient un camp de l'armée française à Bouaké, tuant neuf militaires français et un civil américain, et blessant 38 soldats.
Un avocat de familles de victimes, Me Jean Balan, réclamait depuis plusieurs mois son audition, l'accusant d'avoir "menti" dans ce dossier.
Il lui reproche notamment d'avoir assuré que les pilotes n'avaient pu être identifiés, alors que de multiples photos exploitables figurent au dossier, selon lui, et d'avoir soutenu qu'il n'y avait pas de cadre juridique pour entendre huit mercenaires biélorusses, dont les deux pilotes des Sukhoï, arrêtés dix jours plus tard à la frontière togolaise.
Les autorités de Lomé les avaient "mis à la disposition" des services français, selon l'ancien ministre togolais de l'Intérieur François Esso Boko.Mais Paris n'avait pas donné suite, d'après des témoignages versés au dossier.
"A toutes les questions posées par le juge, nombreuses et détaillées, les réponses de Mme le ministre n'ont eu pour seul objet que de se protéger elle-même.Et cela au détriment non seulement de la vérité mais même de la morale la plus élémentaire", a dénoncé mercredi Me Balan.
"L'affaire de Bouaké court actuellement le risque de passer à la trappe alors que les auteurs ont été identifiés dès le début et que l'Etat français a une responsabilité certaine dans le fait que la justice n'ait pas encore été rendue", a-t-il estimé.
L'ancien ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, avait pour sa part déjà été entendu comme témoin en février 2008 par la juge Michon.Il avait alors affirmé n'avoir "jamais été informé ni saisi de cette affaire dans le cadre de (ses) fonctions ni même en dehors de (ses) fonctions".
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