Botswana: la grève des fonctionnaires fait douter le parti au pouvoir

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GABORONE (AFP)

La grève illimitée de dizaines de milliers de fonctionnaires depuis plus de trois semaines au Botswana remet en question l'autorité du Parti démocratique (BDP) qui règne sans partage sur ce pays d'Afrique australe depuis quarante-cinq ans.

Le mouvement paralyse le fonctionnement des administrations, écoles et services de santé depuis le 18 avril.Quelque 93.000 fonctionnaires, selon leurs syndicats, se battent pour une augmentation de salaire substantielle.

La grève fait douter le BDP."Nous ne pouvons pas prétendre que la grève n'a eu aucun effet dans notre pays.Elle en a eu.Jusqu'à maintenant, tout le monde nous avait fait confiance totalement, en tant que nation, pour la stabilité", écrit le parti sur sa page Facebook.

Sous sa conduite, le Botswana, riche en diamants, a pu être vanté comme l'une des rares réussites en Afrique: une démocratie pacifique, une économie stable et l'un des taux de croissance les plus élevés du continent.

L'économie a cependant été durement secouée par la crise mondiale qui a affecté les prix des matières premières et réduit la demande en diamants.Elle a en outre souffert d'une baisse des revenus tirés de l'union douanière d'Afrique australe.Mais après s'être contracté de 4,9% en 2009, le PIB a progressé de 7,2% l'an dernier, l'une des meilleures performances en Afrique.

D'où la grogne des syndicats qui estiment que les fonctionnaires devraient pouvoir bénéficier des fruits de la croissance, d'autant que l'inflation est relativement élevée (+8,5% en mars).

Les fonctionnaires dont les salaires ont été gelés depuis trois ans pour cause de crise, réclament une augmentation de 16%.Le gouvernement qui cherche à éponger un déficit public abyssal, n'offre que 5% à partir de septembre.

Les trois principaux partis d'opposition se sont empressés d'apporter leur soutien aux syndicats, tenant des discours enflammés lors des meetings des grévistes et appelant à la démission du gouvernement du président Ian Khama.

Pour l'analyste politique Zibani Maundeni de l'Université du Botswana, la grève a introduit un élément nouveau dans la vie politique botswanaise."Les partis d'opposition s'intéressent désormais ouvertement aux questions sociales, et les travailleurs ont noué des relations avec les partis", relève-t-il, jugeant toutefois improbable que ces liens puissent se traduire dans les urnes par une défaite du BDP.

Le parti au pouvoir accuse l'opposition d'essayer d'utiliser la grève pour provoquer une révolution sur le modèle de celles qui ont secoué le monde arabe.

Le leader du Front national du Botswana, Duma Boko, a effectivement évoqué les exemples de l'Egypte et la Tunisie lors d'une récente conférence de presse convoquée par les trois principaux partis d'opposition en soutien à la grève.

"Il y a différentes façons de prendre le pouvoir, y compris la force", a-t-il déclaré."Il peut être pris par la force et par l'utilisation des armes!"

Sans aller jusque là, un autre parti d'opposition, le Mouvement pour la démocratie au Botswana, estime que la grève met en porte-à-faux la vision angélique du BDP, vision selon laquelle le Botswana est une démocratie gérée de façon modèle.

"C'est ce qui ressort clairement du refus du gouvernement d'accepter les revendications salariales des travailleurs sous prétexte que l'économie n'a pas encore récupéré de la récession", a déclaré le chef de ce parti, Gomolemo Motswaledi.

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