Bouchareb: tout dire sur le passé colonial en Algérie pour se réconcilier

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DOHA (AFP)

Le réalisateur Rachid Bouchareb, venu présenter son film "Hors la loi" au Qatar, estime nécessaire de "tout dire" sur le passé colonial pour pouvoir réconcilier les deux peuples algérien et français avec leur passé commun.

"Les choses vont se régler et les relations (entre la France et l'Algérie) vont aller plus loin quand le passé colonial sera évoqué, complètement évoqué, et que tout sera dit", affirme le réalisateur franco-algérien dans une interview accordée à l'AFP en marge du festival de Doha-Tribeca.

Pour Rachid Bouchareb, dont le dernier film retrace le parcours de trois frères ayant survécu aux massacres de Sétif en mai 1945, il est important "qu'on accepte que les Algériens puissent aussi raconter leur histoire".

Le 8 mai 1945, alors que la victoire des Alliés sur le nazisme est célébrée sur tout le territoire algérien, la répression par les forces françaises de manifestations pro-indépendantistes fait des centaines ou des milliers de morts -selon les sources- dans la région de Sétif (300 km à l'est d'Alger).

Avant sa projection, "Hors-la-loi" a été accusé de "falsifier l'Histoire" par l'extrême droite française et des associations de harkis (anciens supplétifs de l'armée française en Algérie), d'anciens combattants et de pieds-noirs (Français installés en Algérie avant l'indépendance).

"Il y avait polémique sur un film que personne n'avait vu, en dénonçant déjà que le film n'était pas juste", dit le réalisateur."Il y encore des nostalgiques de la guerre d'Algérie qui n'acceptent pas l'indépendance" du pays, ajoute-t-il, soulignant qu'au lendemain de la projection à Cannes, "la polémique s'est éteinte".

Environ 1.200 personnes avaient manifesté en mai à Cannes le jour de la présentation du film, qui figurait dans la sélection officielle du festival.

"Hors la Loi" (le nom que les militaires français donnaient aux insurgés), une production algéro-franco-belge, est le deuxième film du réalisateur sur l'Algérie, après "Indigènes".

"Indigènes parle de ces soldats d'origine algérienne parmi l'ensemble des soldats nord-africains des colonies françaises, qui participent à la libération de la France et qui attendent qu'à la fin de la guerre ils deviennent eux aussi des hommes libres et indépendants", explique Bouchareb.Déçus des promesses non tenues, "ils décident de lancer une guerre d'indépendance pour devenir libres".

"Hors la loi", dont c'est la première projection au Moyen-Orient, a ouvert mardi soir la deuxième édition du festival de Doha-Tribeca et a été ovationné par plus de 2.800 spectateurs.

"C'est peut-être pour eux (l'audience) une vraie découverte de cette histoire.Ici, on est loin de l'Afrique du nord et on ne partage pas la même histoire avec la France", estime le réalisateur.

Au cours du festival qui s'achève samedi, 51 longs métrages de 32 pays seront projetés et des prix d'une valeur totale de 410.000 dollars seront attribués.

Le festival de Tribeca, fondé par Robert De Niro pour revitaliser la vie culturelle à Manhattan après les attaques du 11-Septembre, organise le festival pour la deuxième année consécutive, avec les autorités du Qatar, richissime monarchie gazière du Golfe avec une population de quelque 1,6 million d'habitants, qui dépensent sans compter pour s'imposer en pôle culturel dans le Golfe.

"Ici, c'est un territoire vierge pour le cinéma, c'est un eldorado de festivals", dit Rachid Bouchareb.

Quant à ses projets d'avenir, le réalisateur évoque un prochain film qui va "se passer en Californie" et qui ne sera pas consacré à l'Algérie.

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