Burkina: accord sur les institutions de transition, le casting toujours en débat

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Ouagadougou (AFP)

Le Burkina Faso a fait jeudi un pas important vers une sortie de crise: l'armée au pouvoir et les civils sont tombés d'accord sur les institutions de la transition, mais reste à déterminer le casting, une mission délicate.

Près de deux semaines après la chute du président Blaise Compaoré, chassé par la rue après 27 ans de règne, les laborieuses tractations des derniers jours semblent enfin porter leurs fruits.

"L'armée est d'accord avec la charte de transition.Nous sommes parvenus à un accord sur l'architecture même des organes de transition", a affirmé à l'AFP le lieutenant-colonel Isaac Zida, l'homme fort du pays depuis que l'armée a pris les commandes à la suite de la chute du régime Compaoré.

"Maintenant, nous sommes en train de discuter de qui mettre à quelle place", a-t-il ajouté.

Les postes de président et de président du parlement de transition sont d'ores et déjà acquis à des civils, a-t-il assuré. 

Celui de Premier ministre aurait à l'inverse été proposé à l'armée, contre la suppression d'une clause interdisant au président de la transition d'être issu d'un parti politique, a-t-on appris de source militaire.

"La question, c'est: quelle place pour Zida dans l'architecture qui est en train de se mettre en place?", explique un diplomate, pour qui le lieutenant-colonel "se verrait bien Premier ministre".

"Mais il n'est pas envisageable pour la communauté internationale qu'il soit président, Premier ministre ou président d'une assemblée", met en garde cette source.

Le fait qu'un civil dirige la transition est "notre solution depuis le départ", a assuré le lieutenant-colonel Zida.

Mais, selon lui, il est "tout à fait indiqué" que cette personne "ne soit pas un homme politique", faute de "garantie" qu'il ne fera pas campagne "pour son propre parti politique" lors des prochaines élections, ce qui replongerait le Burkina "dans une crise profonde".

Poursuite de l'influence de l'armée durant la transition, stratégies des leaders de l'opposition en vue des élections: les discussions actuelles autour du projet de "charte de transition", sorte de Constitution intérimaire, sont essentielles.

- "Concessions" de l'armée -

 

Les autorités intérimaires doivent diriger cette ex-colonie française de quelque 17 millions d'habitants pour une durée d'un an et organiser des élections d'ici novembre 2015.

Une assemblée réunissant armée et civils, destinée à valider le projet de "charte" sur la base d'un pré-accord conclu mercredi, a débuté après 18H30 (heure locale et GMT), a constaté l'AFP.

Ablassé Ouédraogo, ancien ministre des Affaires étrangères et ténor de l'opposition, se montrait optimiste jeudi matin: "si l'armée ne pose pas de réserves, on va signer le document aujourd'hui".

Mis sous pression par l'Union africaine et les partenaires occidentaux du Burkina Faso pour qu'ils rendent le pouvoir, les militaires ont dû faire des concessions.

L'armée, qui au départ voulait placer l'un des siens à la tête du Conseil national de transition (le parlement de transition), a "cédé" sur ce point, a reconnu le lieutenant-colonel Zida.

En outre, dans le pré-accord, le CNT devient un organe "législatif", alors que l'armée souhaitait qu'il soit simplement "consultatif".

Une instance dite "de la réconciliation nationale et des réformes", dont ne voulaient pas les militaires, est aussi évoquée.

De cet organe dépendra une commission "vérité et réconciliation" voulue par la société civile pour "faire la lumière sur les crimes économiques et de sang" commis par l'ancien régime, selon l'un de ses membres.

"Nous avons fait beaucoup de concessions dans l'intérêt du Burkina", a fait valoir le lieutenant-colonel Zida.

Le temps presse: l'Union africaine a posé le 3 novembre un ultimatum à l'armée pour qu'elle passe le flambeau aux civils dans les quinze jours, sous peine d'éventuelles sanctions.

De son côté, le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé jeudi qu'il attendrait la formation d'un gouvernement "reconnu internationalement" pour reprendre son aide.

Du côté burkinabè, on réclame du temps pour organiser la succession de Blaise Compaoré, exilé en Côte d'Ivoire.

Les médiateurs africains "veulent aller directement aux élections, même dans six mois.Mais pour nous, il ne s'agit pas seulement de cela", insiste un délégué de la société civile.

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