Burkina: cruciales tractations pour une transition civile, Washington maintient la pression

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Ouagadougou (AFP)

Les protagonistes de la crise au Burkina Faso ont commencé samedi à examiner un plan pour mettre en place un régime civil de transition mais l'armée, aux commandes depuis la chute de Compaoré, se tient pour l'instant à l'écart des discussions.

En pleines négociations à Ouagadougou, les Etats-Unis, l'un des plus proches alliés du pays, maintiennent la pression.En visite surprise dans la capitale burkinabè, la sous-secrétaire d'Etat adjointe pour l'Afrique a réitéré samedi l'exigence américaine d'une transition démocratique devant le lieutenant-colonel Isaac Zida, l'homme fort du pays.

C'est dans un bâtiment administratif du centre de Ouagadougou que se joue une bonne part de l'avenir du pays.Non loin de l'Assemblée nationale incendiée lors des émeutes ayant chassé, après 27 ans de règne, le président Blaise Compaoré qui, du fond de son exil ivoirien, se dit victime d'un coup de force.

Les responsables de l'opposition et de la société civile, ainsi que des chefs religieux et traditionnels, soit au total une soixantaine de personnes, se sont réunis brièvement dans ce bâtiment dans la matinée pour prendre possession d'un "avant-projet de charte de la transition".

Ils se sont ensuite retirés pour l'examiner chacun de son côté, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Les délégués devaient se retrouver en "conférence plénière" dans l'après-midi pour tenter de s'entendre sur cette "charte".

 

- recherche d'un consensus -

Le document de travail a été élaboré jeudi et vendredi par une commission ad-hoc.L'armée, qui a participé aux travaux, devait prendre part à la plénière, mais aucun délégué militaire n'était visible samedi matin dans la salle de réunion, a constaté l'AFP.

Les membres de la commission doivent rencontrer le lieutenant-colonel Zida pour le convaincre d'envoyer des délégués, a indiqué à l'AFP, sous le couvert de l'anonymat, un acteur des discussions issu de la société civile.

Zida, numéro deux de la garde présidentielle, a été désigné par l'armée pour diriger le Burkina, après la démission et la fuite le 31 octobre du président Compaoré.

Seule l'ex-majorité n'a pas été invitée aux débats, mais elle a pu présenter sa contribution via les émissaires de l'armée. 

Les acteurs de la crise s'étaient déjà entendus mercredi sur les grands principes de la transition: sa durée - un an - et le fait qu'elle sera dirigée par une personnalité civile, jusqu'à des élections présidentielle et législatives d'ici à novembre 2015.

Mais aucun consensus ne s'est dégagé jusqu'à présent sur le nom du futur chef de la transition.

Si le plan de transition est validé samedi, la prochaine étape sera sa présentation lundi aux médiateurs internationaux de la troïka ONU-Union africaine-Cédéao (l'organisation régionale ouest-africaine).

 

- éviter que l'armée 'goûte au pouvoir' -

"On arrivera à trouver le consensus général" samedi, espérait vendredi un responsable associatif.Pour lui, le processus doit aller "le plus vite possible" afin d'éviter que "la junte ne goûte au pouvoir".

Une façon aussi de garder la main pour les Burkinabè, alors que plusieurs acteurs de la crise se sont plaints de pressions des médiateurs internationaux."C'est à nous de faire le choix, pas à eux", a commenté ce responsable associatif.

Paris et Washington, les deux principaux alliés et bailleurs de fonds du Burkina, petit pays sahélien pauvre de 17 millions d'habitants, ont exercé de fortes pressions sur les militaires pour qu'ils rendent rapidement le pouvoir aux civils.

"Nous comptons sur le respect de la promesse de mettre en place un gouvernement de transition qui soit géré par un civil et qui soit démocratique", et qui organise rapidement des élections, a insisté samedi Bisa Williams, sous-secrétaire d'Etat adjointe américaine pour l'Afrique.

L'Union africaine (UA) a même menacé le pays de "sanctions", ce à quoi la Cédéao s'est opposée vendredi, demandant à la communauté internationale de tenir compte "des efforts en cours" au Burkina.

Du reste, la menace de l'UA n'a guère intimidé le lieutenant-colonel Zida, qui l'a balayée d'un revers de main.

Dans une interview à Jeune Afrique, Blaise Compaoré, réfugié dans la capitale politique ivoirienne Yamoussoukro, laisse éclater sa rancoeur.

"Nous savions depuis longtemps qu'une partie de l'opposition était en relation avec l'armée.L'objectif: préparer un coup d'Etat", assure-t-il.

C'est en cherchant à modifier la Constitution pour rester au pouvoir que le "beau Blaise" a précipité sa chute.

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