Burkina: le nouveau président intérimaire Michel Kafando en fonction vendredi

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Ouagadougou (AFP)

Le nouveau chef de l'Etat intérimaire du Burkina Faso, Michel Kafando, prêtera serment mardi avant d'entrer en fonction vendredi, mettant fin à trois semaines de régime militaire et tournant définitivement la page de 27 ans de pouvoir de Blaise Compaoré. 

La communauté internationale, qui avait exercé dès les premiers jours de la crise politique une forte pression sur l'armée pour qu'elle rende le pouvoir aux civils, a salué cette transition rapidement et pacifiquement négociée.

L'Union africaine - qui avait lancé un ultimatum au régime militaire pour qu'il restitue le pouvoir - a salué lundi la "maturité politique" et le "sens des responsabilités" des Burkinabè.Le représentant spécial de l'ONU en Afrique de l'ouest, Mohamed Ibn Chambas, s'est réjoui dans les mêmes termes.

Zéphirin Diabré, le chef de file de l'opposition à l'ex-président Compaoré, a jugé que le programme de M. Kafando, centré  "sur les problèmes de corruption et d'impunité", répondait "exactement à ce que les gens attendent".

Après une nuit de tractations à Ouagadougou, le nouveau président intérimaire, un diplomate de 72 ans, a à peine cillé à l'annonce de sa nomination annoncée au petit matin en présence des deux autres candidats retenus par le "collège de désignation", l'ex-ministre de Thomas Sankara, Joséphine Ouédraogo et le journaliste Cherif Sy.

"Plus qu'un honneur, c'est une redoutable responsabilité qui m'échoît, dont j'entrevois déjà les écueils et l'immensité de la tâche", a déclaré M. Kafando, un homme de grande taille aux cheveux légèrement grisonnants, d'allure distinguée et réservée.

Pour la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), dont fait partie le Burkina, le retour à un régime de transition civil "démontre une fois encore la volonté du Peuple burkinabè, de ses Forces vives et de ses Forces de défense et de sécurité de privilégier l'intérêt supérieur de la nation", selon les mots du président ghanéen John Dramani Mahama, qui a participé à la médiation internationale dans la crise en tant que président en exercice de la Cédéao.

Figure de la diplomatie nationale, Michel Kafando a été ambassadeur de la Haute-Volta (l'ancien nom du pays) puis du Burkina Faso auprès des Nations unies, respectivement en 1981-1982 et 1998-2011.Il a été choisi par un collège de civils et de militaires après une nuit de discussions.

M. Kafando a également été ministre des Affaires étrangères dans plusieurs gouvernements, entre 1982 et 1983.

 

- Une transition "remarquable" -

 

Le Conseil constitutionnel a validé lundi sa nomination, ainsi que la charte de la transition, sorte de constitution intérimaire signée officiellement dimanche, a indiqué l'un de ses membres.

La transition militaire aura donc duré trois courtes semaines, le lieutenant-colonel Zida gardant la charge du pays jusqu'à vendredi, alors que nombre de Burkinabè craignaient un coup d'Etat de l'armée son maintien au pouvoir.

La France, ancienne puissance coloniale et premier soutien international du "pays des hommes intègres" , a assurée qu'elle se tenait "aux côtés du Burkina Faso durant cette période clé de son histoire", selon le chef de l'Etat François Hollande, qui a félicité Michel Kafando.

"Cette transition démocratique est globalement remarquable et peut servir d'exemple à d'autres pays", soulignait Philippe Hugon, un chercheur français, appelant toutefois à "rester prudent" devant l'ampleur des "défis économiques et sociaux" de ce pays sahélien pauvre de 17 millions d'habitants.

A l'université, le sentiment était mitigé lundi parmi les étudiants, qui ont été en pointe dans l'insurrection populaire qui a fait chuter le régime Compaoré.

"Pourquoi chasser le président Compaoré si c'est pour le remplacer par son sbire?", s'interrogeait Jérôme Oubda, 33 ans, étudiant en communication. 

 "Je ne connais pas M. Kafando, mais il est le témoin de l'après Blaise Compaoré sur lequel le pays a tourné la page", jugeait, pragmatique, Harouna Tapsoba, 28 ans, un fanion national à la main.

L'investiture de M. Kafando aura lieu mardi, a indiqué le Conseil constitutionnel, dans une salle de conférence de Ouaga 2000, un quartier récent et aisé de la capitale, où se trouve la présidence.

Le Premier ministre, le gouvernement, ainsi que les 90 membres du Conseil de transition, le parlement provisoire, seront nommés plus tard dans la semaine.

La passation du pouvoir de M. Kafando avec le lt-colonel Zida se déroulera vendredi.Six chefs d'Etat, Ghana, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Togo, assisteront à cette cérémonie, a déclaré à l'AFP le colonel Gilles Séraphin Bayala, le chef du protocole de l'armée.Les présidents du Bénin et de la Côte d'Ivoire doivent encore confirmer leur présence.

 

 

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