Burkina: le président intérimaire promet de punir les dérives de l'ère Compaoré

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Ouagadougou (AFP)

Les dérives du régime du président déchu Blaise Compaoré, marqué par l'"injustice", la "gabegie" et la "corruption", seront punies, a promis vendredi Michel Kafando, le président intérimaire du Burkina Faso, dans son discours d'investiture.

"Avec ceux qui ont méprisé cette justice et qui pensent qu'ils peuvent dilapider impunément le denier public, nous réglerons bientôt les comptes", a affirmé M. Kafando.

Des investigations seront également menées afin d'"identifier le corps du président Thomas Sankara", a déclaré le président de la transition, une période d'un an qui sera conclue par des élections présidentielle et législative en novembre 2015.

Michel Kafando a reçu officiellement vendredi soir le pouvoir des mains du lieutenant-colonel Isaac Zida, qui tenait les rênes du pays depuis la chute de Blaise Compaoré, chassé par la rue le 31 octobre après 27 ans de règne.M. Zida a été nommé cette semaine Premier ministre de la transition.

Cette transmission symbolique a été marquée par le passage d'un drapeau burkinabè des mains de M. Zida à celles de M. Kafando, qui l'a ensuite brièvement agité en direction de la foule réunie au Palais des sports de Ouagadougou, tendu aux couleurs verte, jaune et rouge du pays.

"Nous entendons ramener la morale à la première place dans l'exercice du pouvoir politique", a lancé Michel Kafando, dans un discours véhément à l'encontre du régime déchu, marqué selon lui par des "richesses inexpliquées", des "privilèges indus" et des "avantages oligarchiques".

"Le message du peuple est clair et nous l'avons entendu: plus jamais d'injustice, plus jamais de gabegie, plus jamais de corruption", a affirmé M. Kafando.

Le président intérimaire a envoyé un autre signal fort en annonçant des investigations pour identifier le corps du président Thomas Sankara, tué lors du putsch qui porta au pouvoir en 1987 Blaise Compaoré.

La famille Sankara demande depuis 1997 l'exhumation du corps de ce héros national, qualifié de "Che africain", pour s'assurer que le corps enterré est bien le sien, ce que la justice burkinabè n'a jamais accepté.

Le dernier refus date d'avril 2014, quand elle s'était déclarée incompétente, provocant la colère de l'avocat Bénéwendé Sankara, qui avait dénoncé une justice "aux ordres".

Outre l'opposition à une révision de la Constitution que souhaitait Blaise Compaoré pour se maintenir au pouvoir, l'un des principaux vecteurs de la forte mobilisation populaire qui l'a amené à démissionner était le rejet de la mainmise de son clan sur les affaires publiques et l'économie du Burkina.Nombre de manifestants se réclamaient également du sankarisme.

Michel Kafando, haut diplomate qui a représenté une quinzaine d'années le Burkina auprès de l'ONU, a été félicité par les six chefs d'Etat et trois ministres africains présents à cette cérémonie.

Si la désignation d'un civil au poste de président intérimaire, réclamée par la communauté internationale, a été largement saluée, la nomination du lieutenant-colonel Zida à la "Primature" a surpris et pourrait signifier, selon des observateurs, qu'il reste l'homme fort du pays.

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