Burkina: opposition et société civile veulent boucler leur plan de transition

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Ouagadougou (AFP)

L'opposition et la société civile du Burkina Faso devraient valider dimanche leur propre plan pour une transition civile, mais il leur restera à mener de difficiles négociations avec l'armée pour obtenir son retrait rapide du pouvoir.

Les militaires, qui ont pris les rênes du pays après la chute de Blaise Compaoré le 31 octobre au terme de 27 ans de règne, ont promis, sous la pression de la population et de la communauté internationale, de rendre rapidement le pouvoir aux civils. 

Une étape importante doit être franchie dimanche, à la veille d'une visite du président de l'Union africaine (UA): l'adoption, par l'opposition et la société civile, de la version finale de leur projet de "charte de la transition".

Samedi soir, une soixantaine de leurs représentants, réunis à Ouagadougou, ont bouclé l'examen point par point de ce document, qui dévoile leur vision du futur régime intérimaire pour une durée d'un an maximum, avec un gouvernement, un Parlement et un président de la transition.

Trouver celui ou celle qui fera consensus pour conduire la transition jusqu'aux élections présidentielle et législatives prévues d'ici novembre 2015 est évidemment un enjeu majeur.Mais l'oiseau rare se fait toujours attendre.

En attendant, une autre étape est essentielle: le projet rédigé par les opposants et les responsables de la société civile doit être soumis à l'armée.

L'actuel homme fort du pays, le lieutenant-colonel Isaac Zida, reste en effet toujours au centre du jeu.

Une réunion de "synthèse" est censée déboucher rapidement sur un document unique, selon les militaires et des acteurs des discussions.

"Tout devrait se mettre rapidement en place, les organes de la transition et notamment le président de la transition", a estimé un des ténors de l'opposition, Ablassé Ouédraogo, président du parti Le Faso Autrement, tablant sur le milieu de la semaine prochaine.

Le document élaboré samedi n'a pas été dévoilé.Selon des participants, une place a été faite à l'armée dans la future assemblée de transition.

La "charte" devrait également interdire aux acteurs de la période intérimaire de se présenter aux prochaines élections.

 

- 'Solution burkinabè' -

 

L'armée a été invitée à participer aux travaux, mais elle a finalement décliné l'offre, pour préparer son propre plan. 

Cependant, lors d'une brève apparition samedi devant les négociateurs, le colonel Auguste Denise Barry s'est voulu rassurant.

"Les choses ne peuvent plus être comme avant.Le peuple burkinabè est entré dans l'Histoire, l'armée burkinabè doit aussi entrer dans l'Histoire", a-t-il lancé.

Une manière de dire que le temps des putschs était fini pour le Burkina Faso, petit pays sahélien théâtre d'une succession de coups d'Etat militaires depuis son indépendance.

Mais de fortes pressions internationales continuent à s'exercer pour forcer les hommes en treillis à quitter le devant de la scène.

La sous-secrétaire d'Etat adjointe américaine pour l'Afrique, Bisa Williams, est opportunément venue rappeler samedi ses engagements au lieutenant-colonel Zida.

Et le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, qui dirige actuellement l'UA, est attendu lundi dans la capitale burkinabè.

Le contexte est délicat: le lieutenant-colonel Zida a adressé jeudi un camouflet à l'UA, balayant d'un revers de main l'ultimatum de 15 jours lancé par l'organisation panafricaine pour un retour du pouvoir aux civils, sous peine de sanctions.

Mais la Cédéao, l'organisation régionale ouest-africaine, a réclamé de la souplesse à l'égard de Ouagadougou.

Du côté de l'opposition et de la société civile burkinabè, on se montre soucieux de régler la crise à sa manière. 

"Comme vous le voyez les Burkinabè entre eux trouvent la solution, une solution burkinabè à la crise burkinabè", déclarait Ablassé Ouédraogo samedi soir.

La démission et l'exil - en Côte d'Ivoire - de Blaise Compaoré ont créé un choc sur le continent après un si long règne.

Signe que le sujet peut être sensible dans certains pays, la Guinée Equatoriale, dirigée depuis 1979 par le président Teodoro Obiang Nguema, a interdit à ses médias d'Etat d'évoquer la chute du président burkinabè.

 

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