Burkina: rendez-vous crucial pour le retour du pouvoir aux civils

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Ouagadougou (AFP)

Les protagonistes du processus de transition au Burkina Faso devraient franchir samedi une étape clé en validant les grandes lignes d'un plan pour la mise en place rapide d'un régime intérimaire civil, huit jours après la chute du président Blaise Compaoré.

 Le pays reste sous la loupe de ses plus proches alliés.La sous-secrétaire d'Etat adjointe américaine pour l'Afrique, Bisa Williams, est arrivée à Ouagadougou pour une visite surprise.Elle a débuté dans la matinée un entretien avec le lieutenant-colonel Isaac Zida, l'actuel homme fort du pays, qui s'est engagé à rendre le pouvoir aux civils.

C'est dans un bâtiment administratif du centre de la capitale que se joue l'avenir du pays, non loin de l'Assemblée nationale incendiée lors des émeutes qui ont chassé Blaise Compaoré après 27 ans de règne et créé un choc en Afrique.

Les responsables de l'opposition et de la société civile, ainsi que des chefs religieux et traditionnels, au total une soixantaine de personnes, doivent se retrouver en "conférence plénière" pour approuver une "charte de la transition".

Ce document a été mis au point jeudi et vendredi par une commission ad hoc.

L'armée, qui a participé vendredi à ces travaux, devait participer à la plénière, mais aucun délégué militaire n'était visible samedi matin dans la salle de réunion.

Seule l'ex-majorité n'a pas été invitée aux débats, mais elle a pu présenter sa contribution via les émissaires de l'armée, qui tient les rênes du pays depuis la chute de l'ancien régime. 

Les acteurs de la crise s'étaient déjà entendus mercredi sur les grands principes de la transition : sa durée - un an - et le fait qu'elle sera dirigée par une personnalité civile, jusqu'à des élections présidentielle et législatives d'ici à novembre 2015.

Aucun consensus ne s'est cependant dégagé jusqu'à présent sur le nom du futur chef de la transition, question épineuse qui demande du temps, selon tous les acteurs.

 

- Eviter que l'armée 'goûte au pouvoir' -

 

Si le plan de transition est validé samedi, la prochaine étape sera sa présentation lundi aux médiateurs internationaux de la troïka ONU-Union africaine-Cédéao (l'organisation régionale ouest-africaine).

"On arrivera à trouver le consensus général" samedi, assurait vendredi un responsable associatif.Pour lui, le processus doit aller "le plus vite possible" afin d'éviter que "la junte ne goûte au pouvoir".

Une façon aussi de garder la main pour les Burkinabè, alors que plusieurs acteurs de la crise se sont plaints de pressions des médiateurs internationaux."C'est à nous de faire le choix, pas à eux", a commenté le responsable associatif.

Paris et Washington, les deux principaux alliés et bailleurs de fond du Burkina, petit pays sahélien pauvre de 17 millions d'habitants, ont exercé de fortes pressions sur les militaires pour qu'ils rendent rapidement le pouvoir au civils.

L'Union africaine (UA) a même menacé le pays de "sanctions", ce à quoi la Cédéao s'est opposée vendredi, demandant à la communauté internationale de tenir compte "des efforts en cours" de la part des acteurs de la crise au Burkina.

Du reste, la menace de l'UA n'a guère intimidé le lieutenant-colonel Zida, qui entend bien que les Burkinabè décident à leur rythme, balayant d'un revers de main l'ultimatum de l'UA.

A Ouagadougou, à l'exception de quelques traces des pillages des jours d'insurrection, rien ne vient rappeler qu'il y a une semaine des centaines de milliers de manifestants chassaient Blaise Compaoré, en exil depuis en Côte d'Ivoire.

Les habitants ont repris une vie normale et semblent désormais suivre de loin les tractations visant à établir le nouveau pouvoir.

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