L'Union africaine a estimé que la situation n'était "pas propice" à des élections au Burundi, théâtre de nouveaux affrontements meurtriers jeudi entre opposants au président Pierre Nkurunziza, policiers et partisans du pouvoir.
Jeudi, quatre personnes ont perdu dans la vie dans des violences liées aux manifestations contre un troisième mandat du chef de l'Etat.La contestation a démarré le 26 avril, au lendemain de l'investiture de Pierre Nkurunziza à la présidentielle du 26 juin par son parti, le Cndd-FDD.Au total, 18 personnes sont mortes depuis le début des troubles.
"L'environnement n'est pas propice à une élection", a lancé la présidente de la Commission de l'UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, dans un entretien à la télévision chinoise CCTV, faisant aussi référence aux dizaines de milliers de Burundais qui ont déjà quitté le territoire, terrorisés par le climat politique, pour se réfugier dans les pays voisins.
"On ne peut pas aller dans un pays, rencontrer des réfugiés qui fuient, et dire +Nous allons observer les élections+", a-t-elle dit."Dans l'état actuel des choses, je ne vois même pas comment des élections peuvent avoir lieu".
Pierre Nkurunziza a été élu par le Parlement en 2005 et réélu en 2010 au suffrage universel direct.
Ses opposants -- la société civile et une grande partie de l'opposition politique -- jugent un troisième mandat anticonstitutionnel et contraire aux accords d'Arusha qui avaient ouvert la voie à la fin d'une longue guerre civile (1993-2006).
Son camp estime la démarche parfaitement légale et la Cour constitutionnelle, jugée inféodée au pouvoir par les contestataires, lui a donné raison.
Malgré les pressions d'une communauté internationale qui menace désormais de ne plus financer le processus électoral, le chef de l'Etat a confirmé mercredi soir qu'il se présenterait à la présidentielle.
"A part la Cour (constitutionnelle) burundaise, toutes les autres interprétations que nous avons de la Constitution est que (...) il ne devrait pas y avoir de troisième mandat", a lancé Mme Dlamini-Zuma, dans des propos inhabituellement sévères.
"S'il y a une Constitution, elle doit être respectée (...) S'il y a besoin de l'amender, il faut un consensus à travers tout le pays sur son amendement.Cela ne peut pas être fait unilatéralement par une partie de la population".
"Maintenant, nous sommes dans une situation où les pays voisins reçoivent des réfugiés du Burundi, ce qui était précisément ce que nous essayions d'éviter", a encore martelé la responsable.
- Chasse aux "Imbonerakure" -
Selon l'ONU, au moins 35.000 Burundais se sont réfugiés en quelques semaines en République démocratique du Congo (RDC), au Rwanda et en Tanzanie, qui accueillera le 13 mai un sommet régional pour tenter de dénouer la crise politique burundaise.
Au Rwanda, le pays où ont afflué récemment le plus de Burundais, les réfugiés disent fuir des campagnes d'intimidation perpétrées contre les opposants par les "Imbonerakure", les jeunes du parti présentiel qualifiés de "milice" par l'ONU.
Jeudi, c'est une véritable chasse à ces "Imbonerakure" ("Ceux qui voient de loin" en kirundi, la langue nationale) qui s'est déroulée à Bujumbura.
Dans la matinée, des affrontements les ont opposés à des manifestants.La police est intervenue, tirant sur les manifestants et faisant un mort.Peu après, une foule en furie à arpenté le quartier de Cibitoke (nord de Bujumbura), pour traquer les jeunes partisans de M. Nkurunziza.
"Ce matin, les Imbonerakure étaient avec les policiers, ils ont jeté des grenades", a expliqué un manifestant en colère.
Les quartiers périphériques de Bujumbura concentrent l'essentiel de la contestation depuis une dizaine de jours.La police les y cantonne pour les empêcher d'aller faire une démonstration de force dans le centre-ville.
La province a aussi été le théâtre de rassemblements, toutefois sans commune mesure avec ceux de la capitale.Mais jeudi, pour la première fois, un manifestant, un adolescent de 15 ans, a péri sous les balles de la police à quelque 80 km de Bujumbura.
Depuis des mois, la communauté internationale et les pays de la région, comme la population burundaise, craignent que la candidature de Pierre Nkurunziza à un nouveau mandat ne débouche sur des violences à grande échelle.
En plus de la guerre civile, qui a fait quelque 300.000 morts, l'histoire post-coloniale du petit pays d'Afrique des Grands Lacs a déjà été marquée par des massacres interethniques.
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