"Des combattants dans le vrai sens du terme !", s'exclame le milieu Djamal Abdallah Mahamat.Ses coéquipiers Jumaa Gtat et Walid El Khatroushi, qui disputent la CAN-2012 avec la Libye, font part à l'AFP de leur participation à la révolution en Libye.
Ces deux-là ne jouent pas les fiers-à-bras, les héros.Nulle déférence à leur égard dans le groupe des "Chevaliers de la Méditerranée", surnom qui a succédé aux "Verts", appellation estampillée kadhafiste.
Quand le gardien Jumaa Gtat (33 ans) montre à l'AFP sa carte de combattant, délivrée par les nouvelles autorités libyennes, certains de ses coéquipiers la découvrent."J'ai appris récemment seulement ce qu'ils avaient fait, confie le Franco-Libyen Djamal Abdallah Mahamat.Ca fait bizarre, ils ont connu les deux extrêmes, la joie du foot et la tristesse de la guerre".
"Ceux qui étaient médecins, ingénieurs etc.se sont battus puis sont revenus à leur vie normale, eux aussi, soutient pour sa part Faouzi Belhaj, responsable des relations internationales de la délégation libyenne.Ils n'ont pas de statut particulier.Ils se sont battus parce que c'était leur devoir".
Pour Jumaa Gtat, tout a commencé dans la nuit du 14 février."J'étais au courant de ce qui se tramait, en communiquant avec des amis, raconte-t-il.J'étais enfermé à Tripoli, surveillé.Le 3 mars, je me suis échappé et suis allé dans ma ville de Shahat, vers Benghazi et Al Baida, où a pris l'étincelle.Des cousins m'ont mis en contact avec les révolutionnaires".
Des coéquipiers de la sélection soutiennent publiquement le régime de Mouammar Kadhafi, comme le capitaine Tarek Al Tayoub, star nationale.Jumaa Gtat, avec quatre autres joueurs, servira dès lors de contre-point, côté rebelle.Des télévisions d'information panarabes médiatisent leur petit groupe, parti de Benghazi pour Zentan et la ligne de front.
Un fossé se creuse entre joueurs de Tripoli et de Benghazi.Le sélectionneur Marcos Paqueta devra d'ailleurs puiser dans le seul réservoir du creuset rebelle pour disputer les derniers matches de qualification et la CAN."Ces joueurs se sont sûrement rendus compte de leur erreur", avance Jumaa Gtat.
"Si le peuple leur pardonne, pourquoi ne reviendraient-ils pas ?, suggère l'attaquant Walid El Katroushi (26 ans, Ittihad Tripoli).J'ai des amis parmi eux, certains très proches.J'ai encore quelques contacts mais pas aussi bons qu'avant".
"Le voyage Benghazi-Zentan fut très éprouvant parce que c'était la première fois que j'allais sur le front, et il y avait les bombardements la nuit, poursuit Jumaa Gtat.Quand ma famille m'a vu à la télévision, elle a estimé que c'était trop dangereux pour moi".
Il met alors sa notoriété au service de la révolution en récoltant des fonds "pour le ravitaillement, les munitions, les médicaments".C'était aussi le quotidien de Walid El Khatroushi, qui a profité d'un rassemblement de la sélection en Tunisie pour s'engager auprès des réfugiés et des blessés."Mes deux frères se battaient sur le front, et j'ai décidé de prendre part à la révolution en m'occupant des blessés".
Le regard des deux joueurs s'illumine quand on en vient à ce miracle de la qualification pour la CAN après avoir disputé tous les matches à l'extérieur et sans compétition domestique, le championnat libyen étant suspendu."J'avais du mal à y croire, d'être là, à Bata, à la CAN", avance Walid El Khatroushi."Lorsque l'hymne a retenti, tout le film m'est revenu à l'esprit, toutes les images du conflit", ajoute Jumaa Gtat.
Le gardien, doublure du capitaine Samir Aboud et qui compte retourner dans son club d'Al Ahly Tripoli, retient surtout un moment, "l'annonce de la capture de Kadhafi.Je voulais que Dieu prenne sa vie.C'en était désormais fini de l'angoisse et des tourments".
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