Au moins 20 personnes ont été tuées dans la nuit de jeudi à vendredi lors d'une attaque contre une veillée funèbre chrétienne, dans la capitale centrafricaine, confrontée ces derniers jours à une recrudescence des violences entre groupes armés.
"Aux environs de 23H00 (22H00 GMT) au quartier Kango, un groupe d'extrémistes bien connu des services de police a lancé une grenade offensive sur une foule qui assistait à une veillée funèbre.Au moins 20 personnes ont été tuées", affirmé vendredi le ministre de la Sécurité publique, Denis Wangao Kizimalé.
"Onze autres personnes ont été blessées et suivent en ce moment des soins à l'hôpital communautaire", a ajouté le ministre, qui s'exprimait à la radio nationale.
"Le gouvernement condamne avec fermeté cet acte odieux.D'ores et déjà, une enquête est ouverte pour déterminer les circonstances de ce crime.Les auteurs seront recherchés et traduits en justice", a ajouté M. Wangao Kizimalé.
Plusieurs habitants du quartier, majoritairement chrétien, ont manifesté leur colère dans la rue vendredi, attribuant l'attaque à des musulmans, a constaté un journaliste de l'AFP.
Selon une source proche des familles présentes à la veillée, une femme enceinte et plusieurs enfants figurent parmi les victimes.
Avant cette attaque, une recrudescence des violences à Bangui avait déjà fait une vingtaine de morts depuis samedi.Plusieurs affrontements avaient éclaté entre des groupes armés, opposant notamment des miliciens anti-balaka, majoritairement chrétiens, et des pillards à des musulmans.
Le chef de la force africaine (Misca) a annoncé mercredi que la Misca considérait "les anti-balaka comme des ennemis" et qu'ils seraient traités "en conséquence".
Formées en réaction aux exactions perpétrées pendant des mois par les combattants essentiellement musulmans de la Séléka après leur prise du pouvoir en mars 2013, les milices anti-balaka s'en prennent depuis à la population musulmane, qui fuit massivement le pays.
Depuis un an, l'ancienne colonie française, pays parmi les plus pauvres de la planètes habitué aux coups d'Etat à répétition et aux rébellions, traverse une crise politique, sécuritaire et humanitaire sans précédent avec des centaines de milliers de déplacés.
Si les tueries de masse ont cessé depuis le début de l'opération française Sangaris (2.000 hommes) en décembre, déployée en appui des 6.000 soldats africains de la Misca, les explosions de violences restent quotidiennes à Bangui.
- Berlin renforce son soutien -
Le président français François Hollande coprésidera mercredi un "mini-sommet" sur la Centrafrique avec l'Union africaine et l'Union Européenne, censé réunir une quinzaine de dirigeants européens "les plus impliqués" dans la gestion de la crise, et autant d'africains des pays voisins, selon des sources européennes.
Ils tenteront "de voir comment restaurer la sécurité et stopper les tueries", alors que la situation en Centrafrique est jugée "désastreuse" par l'UE.
"Un premier pas crucial à franchir est de restaurer un embryon d'Etat", ont souligné ces même sources.
La chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, s'était alarmée jeudi de "l'escalade de la violence" ces derniers jours à Bangui, appelant la communauté internationale à "agir rapidement".
"L'UE entend prendre sa part dans ces efforts", a-t-elle précisé.
Mais les pays européens rechignent depuis des semaines à mobiliser les effectifs (500 soldats) et les moyens, notamment logistiques, nécessaires au lancement de la mission militaire Eufor-RCA, destinée à venir en appui aux forces africaines et françaises.
Son lancement, prévu initialement la semaine dernière, a donc été reporté.
Berlin a néanmoins proposé vendredi de renforcer son soutien à la mission Eufor en mettant à disposition deux avions de transport Antonov, tout en précisant que l'engagement de soldats allemands sur place n'est "pas nécessaire".
Il est "important que la mission de l'UE renforce la stabilité et la sécurité, avant que les violents combats dans le pays se renforcent et s'étendent", a souligné vendredi la ministre de la Défense allemande, Ursula von der Leyen.
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