Centrafrique: Amnesty dénonce un "nettoyage ethnique" en cours

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Brazzaville (AFP)

Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a durci le ton mardi à Brazzaville contre les milices qui sévissent en Centrafrique, affirmant que les forces internationales étaient prêtes à mettre fin aux exactions, "si besoin par la force".

De son côté, l'ONG Amnesty international a interpellé mercredi dans un communiqué l'opinion internationale sur le "nettoyage ethnique" de civils musulmans qui se déroule selon elle dans l'ouest du pays, et que les forces internationales ne "parviennent pas à empêcher".

"Il faut que l'ensemble des milices qui continuent aujourd'hui à mener des exactions, à commettre des meurtres, arrêtent", a dit M. Le Drian à la presse, en demandant aux forces françaises et africaines en Centrafrique d'"appliquer les résolutions des Nations unies, si besoin par la force".

"Nous poursuivons notre action de manière ferme pour l'avenir", a ajouté M. Le Drian, s'exprimant après un échange avec son homologue congolais Charles Richard Mondjo, dans le cadre d'une tournée régionale axée sur la Centrafrique.

La mise en garde du ministre intervient après plusieurs déclarations de responsables militaires français et de la force de l'Union africaine en Centrafrique (Misca) allant dans le même sens.

Mercredi, ce sera la troisième fois qu'il se rend en Centrafrique depuis le déclenchement de l'opération française "Sangaris" début décembre.A Bangui, la capitale, il rencontrera notamment la présidente Catherine Samba Panza.

Le pays a sombré dans le chaos depuis le coup d'Etat en mars 2013 de Michel Djotodia, chef de la coalition rebelle Séléka à dominante musulmane.Devenu président, il a été contraint à la démission le 10 janvier pour son incapacité à empêcher les tueries entre ex-Séléka et milices d'autodéfense "anti-balaka", majoritairement chrétiennes.

La Misca compte actuellement 5.400 hommes - dont un millier de Congolais, le plus important contingent - sur les 6.000 prévus, le contingent français alignant 1.600 soldats.

Ces forces agissent sous l'égide de l'ONU, qui les a dotées en décembre dernier d'un mandat autorisant l'emploi de la force en cas de menace directe sur la population civile.Jusqu'à présent, elles ne sont pas parvenues à mettre fin aux violences meurtrières et aux pillages.

Mardi, les soldats français ont découvert une importante cache d'armes (explosifs et munitions) dans un quartier nord de Bangui considéré comme un fief "anti-balaka".Selon un militaire français sur place, cet arsenal sera détruit.

"La paix s'apprend"

 

"Nous pensons qu'il faut des forces de sécurité supplémentaires, notamment des unités étrangères de police pour aider à sécuriser Bangui en particulier", a estimé la secrétaire d'Etat adjointe américaine pour l'Afrique, Linda Thomas-Greenfield, alors que l'Union européenne a promis de déployer quelque 500 soldats à Bangui début mars.

Mme Thomas-Greenfield s'exprimait lors de la visite d'Etat à Washington du président français François Hollande, qui a plaidé avec son homologue américain Barack Obama pour "une alliance transformée" entre leurs pays.

Les deux dirigeants ont souligné que l'Afrique, et tout particulièrement au Mali, au Sahel et en Centrafrique, était le théâtre "le plus visible" de ce "nouveau partenariat".

Les violences ont déjà fait près d'un million de déplacés et réfugiés, sur une population totale de 4,6 millions d'habitants, et provoqué une crise humanitaire sans précédent dans un pays qui figure parmi les plus pauvres du continent malgré son potentiel agricole et minier.

Le départ forcé de nombreux commerçants de Centrafrique, pour la plupart des musulmans fuyant exactions et pillages dont ils sont la cible, "fait craindre une crise alimentaire majeure", ont averti mardi plusieurs organisations internationales d'aide.

Par ailleurs, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a estimé qu'un éclatement de la République centrafricaine (RCA) était tout à fait possible étant donné le niveau d'animosité entre chrétiens et musulmans.

"La brutalité sectaire est en train de changer la démographie du pays, la partition de facto de la RCA est un risque avéré", a-t-il déclaré à un groupe de journalistes.

Entamée dimanche, la nouvelle tournée en Afrique centrale du ministre français de la Défense est axée sur la poursuite de l'action militaire de la France pour stabiliser la Centrafrique et la réorganisation du dispositif français au Sahel.

Après le Tchad, il s'est rendu au Congo, médiateur régional de la crise en Centrafrique.

"Il est du devoir de la communauté internationale d'agir avec davantage de fermeté et de diligence afin de mettre un terme au règne de la barbarie", a déclaré le président congolais Denis Sassou Nguesso mardi pour le 25e anniversaire du protocole de Brazzaville, qui a notamment mis fin à la guerre civile en Angola.

M. Le Drian était l'un des hôtes de marque des célébrations. "Il nous faut réhabiliter le rôle de l'Etat.C'est lorsque l'Etat faillit que la paix devient défaillante.Les meilleurs chances de casser la guerre passent par la prévention (...) La paix s'apprend, se démontre et se cultive", a-t-il expliqué dans la capitale du Congo, pays riche en pétrole et ancienne colonie française avec laquelle Paris entretient des liens économiques étroits.

 

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