Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a recommandé lundi de déployer en République centrafricaine (RCA) 11.820 Casques bleus, dont 10.000 soldats et 1.820 policiers, afin de rétablir l'ordre et la sécurité dans le pays livré à l'anarchie.
Dans un rapport dont l'AFP a eu copie et qui a été transmis aux 15 pays membres du Conseil de sécurité, M. Ban précise que "la priorité de la mission des Nations unies, dans une phase initiale, doit être la protection des civils".
Le mandat de cette future opération de maintien de la paix sera progressivement élargi pour couvrir "le soutien au processus politique" de transition, notamment la restauration de l'autorité de l'Etat sur tout le pays et l'organisation d'élections, la protection de la livraison de l'aide humanitaire, le respect des droits de l'homme ou le retour des milliers de personnes déplacées par les violences.
"Il est envisagé que la taille de l'opération de maintien de la paix puisse aller jusqu'à 10.000 soldats et 1.820 policiers", y compris des capacités logistiques et de transport (comme des hélicoptères), explique le rapport.
Il prévoit une mise en oeuvre de cette opération par étapes."Une première vague de personnels militaires devra assurer les besoins de sécurité immédiats", puis "la police sera déployée progressivement et remplacera la majeure partie du personnel militaire au fur et à mesure que la sécurité s'améliorera", d'abord dans la capitale Bangui puis dans les provinces.
S'ajoutera peu à peu aux soldats et aux policiers une importante composante civile, non chiffrée dans le rapport.Ces civils --administrateurs, ingénieurs, observateurs des droits de l'homme, juristes-- seront chargés d'aider le gouvernement centrafricain à organiser les élections, à promouvoir la réconciliation nationale et à remettre sur pied une administration qui ne fonctionne plus depuis des mois et ne fournit plus les services essentiels à la population.
En tout état de cause, selon des diplomates et responsables de l'ONU, les premiers Casques bleus ne pourront se déployer que dans six mois au mieux, en septembre ou octobre, vu le temps nécessaire pour monter une telle opération.
-Coût de l'opération non chiffré-
La RCA est livrée depuis près d'un an à l'anarchie et au chaos, avec des violences entre communautés musulmane et chrétienne qui font craindre à l'ONU un génocide et un nettoyage ethnique menant à une partition du pays.
Une force panafricaine de près de 6.000 hommes, la Misca, dépendant de l'Union africaine, est déjà présente sur le terrain, ainsi que les 2.000 soldats français de l'opération Sangaris.Les Européens ont aussi été sollicités et se sont engagés à contribuer jusqu'à un millier d'hommes.
"Malgré l'efficacité de plus en plus grande de la Misca et de Sangaris, le déploiement de forces internationales n'est pas suffisant et il manque une composante civile", souligne M. Ban dans son rapport."Compte tenu des menaces (..), il faut davantage de troupes en RCA (..) mais pour réagir à la situation actuelle de violence et d'impunité, une réponse militaire n'est pas suffisante, aussi énergique soit-elle".
Le coût de cette opération n'est pas chiffré dans le rapport mais il est évalué par un responsable de l'ONU entre 500 et 800 millions de dollars par an.
Le Conseil va désormais pouvoir s'atteler à un projet de résolution pour donner le feu vert à cette opération, comme le lui demande M. Ban.La France espère soumettre à ses partenaires un texte avant fin mars.
Il faudra aussi que l'Union africaine, qui chapeaute la Misca, accepte de laisser les rênes de l'opération à l'ONU: il est prévu que la plupart des 6.000 soldats de la Misca passent sous Casque bleu.
"Il n'y a pas de remède miracle en RCA, répondre à cette crise va demander du temps et des moyens car l'ampleur des besoins intimide", conclut M. Ban, qui rend hommage aux soldats africains et français dont le rôle "a été essentiel pour sauver des vies".
Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a estimé lundi que la perspective du déploiement d'une opération de maintien de paix de l'ONU en Centrafrique "est aujourd'hui largement partagée et correspond à une attente exprimée par les autorités de transition".
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.