Centrafrique: des militaires "anti-balaka" annoncent une scission au sein de la milice

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Bangui (AFP)

Le chef du gouvernement centrafricain de transition André Nzapayéké a entamé dimanche à Bangui des discussions, appelées à se poursuivre, avec des chefs militaires de la milice "anti-balaka", qui se sont dits "prêts à coopérer", a constaté une journaliste de l'AFP.

"J'ai rencontré des chefs militaires des +anti-balaka+ pour discuter avec eux et voir, en fonction des moyens de l'Etat, comment les réintégrer", a déclaré à l'AFP le Premier ministre, à l'issue de sa rencontre dans un hôtel de Bangui avec dix représentants de cette milice d'autodéfense à majorité chrétienne, accusée d'exactions et de pillages à l'encontre des civils musulmans à Bangui et en province.

Un peu plus tôt, un membre de la délégation "anti-balaka", composée exclusivement de membres des Forces armées centrafricaines (FACA), avait annoncé à l'AFP une scission au sein du mouvement.

"Les +anti-balaka+ étaient une seule entité mais des problèmes sont apparus et il y a aujourd'hui une scission", a déclaré le capitaine Joachim Kokaté, ancien ministre des Petites et Moyennes Entreprises (PME), jusqu'ici porte-parole d'un "collectif des officiers libres", créé à l'été 2013 pour lutter pour le retour de l'ancien président François Bozizé, renversé en mars par la rébellion à dominante musulmane Séléka.

"Nous avons voulu parler avec le Premier ministre du problème sécuritaire", a déclaré le capitaine Kokaté."Notre objectif était de faire partir Michel Djotodia", chef de la rébellion Séléka porté au pouvoir en mars et contraint à démissionner le 10 janvier après avoir été incapable de mettre un terme aux violences et aux tueries intercommunautaires dans le pays. 

"A partir du moment où il est parti, les armes doivent se taire et il ne doit plus y avoir d'exactions", a-t-il ajouté.

"Les +anti-balaka+ que nous représentons sont prêts à coopérer pour le retour de la paix", a encore dit le capitaine Kokaté, tout en se disant incapable d'estimer leur nombre."Nous voulons amener les autres groupes à coopérer avec la communauté internationale", a-t-il affirmé.

"Nous sommes heureux qu'il y ait parmi les +anti-balaka+ des gens de moins en moins extrémistes qui acceptent de retrouver leur place dans la Nation", a déclaré le Premier ministre, tout en précisant ne "pas avoir d'idée claire de ce que représente ce mouvement aujourd'hui".

"Désarmer les comportements"

L'ouverture de discussions entre les autorités de transition, en fonction depuis la fin janvier, et une partie des "anti-balaka" survient au lendemain d'une démonstration de force dans leur fief de Bangui par les forces internationales.

Samedi matin, les soldats de la force africaine Misca, appuyés par des éléments de l'opération française Sangaris, ont ratissé pendant quatre heures le quartier de Boy Rabe, où ils ont saisi des armes et munitions mais surtout interpellé plusieurs cadres de la milice.L'opération a en revanche manqué son "objectif principal", à savoir l'interpellation du "coordonnateur politique" des "anti-balaka" Patrice-Edouard Ngaissona, ancien ministre et président de la Fédération centrafricaine de football, aujourd'hui en fuite.

Interrogé sur le sort de M. Ngaissona, le capitane Kokaté a affirmé l'ignorer, tout en soulignant qu'il s'en désolidarisait."Il prenait des décisions sans concerter les autres", a-t-il affirmé.

"Patrice Edouard Ngaissona a envoyé des listes de noms à la chef de l'Etat de transition (Catherine Samba Panza) et au Premier ministre (avant la constitution du gouvernement NDLR) mais il a agi sans aucune concertation.Il n'a envoyé que des noms de gens de sa famille", a-t-il accusé.

"Aujourd'hui, il existe plusieurs factions au sein des +anti-balaka+", a poursuivi le capitaine Kokaté, qui s'est défendu d'agir pour le compte de l'ancien président Bozizé, que beaucoup accusent en Centrafrique d'être derrière la milice des "anti-balaka"."Je ne suis pas pour Bozizé, je suis nationaliste", a-t-il assuré.

"Aujourd'hui, il faut désarmer les hommes mais aussi désarmer les comportements", a-t-il estimé, avant de prôner l'organisation d'"un carnaval de réconciliation entre les chrétiens et les musulmans".

En fin d'après-midi, le Premier ministre André Nzapayéké s'était par ailleurs réuni avec les représentants de la communauté internationale en Centrafrique, ainsi que les chefs de la Force française Sangaris et de la Force africaine Misca.Aucune information n'a filtré sur la teneur de leurs entretiens.

 

 

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