Jean-Yves Le Drian a estimé que le regain de tensions en Centrafrique est lié au fait que le processus politique pour stabiliser le pays "est en panne", avant d'entamer lundi une septième visite en sept mois dans ce pays.
"Le règlement de tout ça ne peut être que politique, or la politique est en panne", a souligné le ministre de la Défense dans un entretien à l'AFP.L'arrivée en février de la présidente de transition Catherine Samba Panza "n'a pas permis la relance d'un processus politique qui est bloqué", a-t-il regretté.
M. Le Drian se rend lundi en Centrafrique pour une visite de deux jours, après qu'une dizaine de soldats français de la force Sangaris ont été blessés la semaine dernière lors d'accrochages avec des groupes armés.
"Ils ont vécu des tensions et des accrochages très significatifs, au cours desquels ils ont fait preuve d'une grande maîtrise, d'un grand sang-froid", a-t-il souligné.
S'il y a, selon le ministre, moins d'accrochages entre groupes armés ou impliquant les forces internationales sur le terrain, "la gravité de ces accrochages s'accroît".Certains groupes, notamment les milices à dominante chrétienne anti-balakas, se mêlent en particulier à la foule pour s'en prendre aux soldats français.
"C'est quand même significatif d'une tension encore accrue, d'une part entre les communautés, d'autre part à l'encontre de ceux qui sont mandatés par les Nations Unies pour aboutir à une plus grande sérénité", a estimé le ministre.
- "Une pointe d'espoir" -
Les tensions entre communautés restent en particulier vives dans la région de Bambari, à l'est de Bangui, où de violents accrochages ont fait des dizaines de morts fin juin.
Selon M. Le Drian, l'absence de perspective a conduit à la radicalisation de certains groupes "parce que l'on ne voit pas se tracer un avenir pour l'ensemble du pays".Mme Samba Panza a "beaucoup de bonne volonté, ce n'est pas elle qui est en cause, mais ça n'aboutit pas".
Face à cette impasse politique, Jean-Yves Le Drian a toutefois souligné comme "une pointe d'espoir" l'initiative des dirigeants des pays d'Afrique centrale réunis fin juin à Malabo (Guinée équatoriale), qui ont "convenu de la mise en oeuvre d'une conférence de réconciliation qui parait indispensable pour qu'on sorte de la situation désastreuse actuelle".
"L'initiative de Malabo est bonne, la France souhaite qu'elle aboutisse en septembre, que ça se passe le plus vite possible et qu'il y ait conjonction entre l'arrivée de la Minusca et la réconciliation nationale indispensable.Avec tous le monde autour de la table", a-t-il dit.
La Minusca, la force de maintien de paix des Nations unies, doit se mettre progressivement en place à partir du 15 septembre en RCA et prendre le relais de la force française, sans qu'aucune date de retrait, même partiel, ne soit fixée.
Lundi à Bangui, M. Le Drian doit en outre s'entretenir avec la présidente centrafricaine de la reconstitution d'une chaîne sécuritaire dans le pays."C'est un élément important surtout quand on a affaire à des groupes plus criminels que militaires.Il faut qu'il y ait une chaîne sécuritaire, des gendarmes, une justice, des prisons...", a-t-il souligné.
La force européenne présente à Bangui compte désormais 150 gendarmes pour aider à la formation d'une gendarmerie centrafricaine.
Environ 2.000 militaires français sont déployés en RCA dans le cadre de l'opération Sangaris, aux côtés de quelque 5.800 soldats de la Misca, pour stopper les massacres inter-communautaires.La Misca doit constituer la base de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en RCA (Minusca) qui comptera à terme 12.000 personnes.
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