Les violences en Centrafrique, surtout dans le nord, "entravent le déploiement de l'aide humanitaire destinée à des populations qui souffrent déjà d'un manque criant d'assistance", dans un contexte d'"accroissement du chaos", a averti vendredi Médecins sans frontières (MSF).
"La présence de groupes armés en déroute et l'accroissement du chaos dans le pays, y compris dans la capitale, Bangui, ont conduit à une escalade de l'insécurité qui expose les populations et les organisations humanitaires internationales à la violence", explique MSF dans un communiqué.
Selon MSF, "les équipes MSF travaillant dans les villes de Boguila, Kabo, Ndélé (nord) et dans le camp de M'Poko, situé à l'intérieur de l'aéroport international de Bangui, ont été victimes de nombreuses intrusions armées et de vols".
"Que ce soit à proximité ou à l'intérieur des hôpitaux où elles travaillent, les équipes MSF sont régulièrement confrontées à des incidents de sécurité violents", poursuit le communiqué.
"L'impunité des groupes armés et la spirale incontrôlable de la violence touchent la population et remettent en cause le déploiement d'une aide humanitaire pourtant vitale", affirme MSF.
Récemment, "quatre incidents graves" à Kabo "ont contraint MSF à réduire ses activités médicales", ce qui a des "des conséquences désastreuses pour plus de 50.000 personnes vivant dans la région", déplore Sylvain Groulx, chef de mission MSF, cité dans le texte.
"Les civils sont pourchassés, tués, et des centaines de milliers de déplacés et de réfugiés ne reçoivent pas une aide suffisante", témoigne-t-il.
De son côté, le porte-parole du Haut commissariat des Nations unies pour les droits de l'Homme, Rupert Colville, s'est dit vendredi "très préoccupé par la situation critique à Boda", localité située située à 190 km à l'ouest de Bangui.
"Un grand nombre de civils chrétiens et musulmans à Boda et dans les villages environnants ont énormément souffert des récents combats et (...) et les tensions y sont très élevées", a-t-il affirmé lors d'un point de presse à Genève.
"Boda est actuellement divisée en une zone musulmane et une zone non-musulmane.Quelques 11.000 civils musulmans sont bloqués dans quatre quartiers, et risquent de nouvelles attaques de la part des éléments anti-balaka présents dans la zone", qui empêchent même les habitants de vendre de la nourriture aux musulmans pris au piège, a-t-il ajouté.
La Centrafrique s'est enfoncée dans un cycle infernal de tueries interreligieuses après des mois d'exactions contre les chrétiens, perpétrées en toute impunité par les combattants majoritairement musulmans de la Séléka qui avaient pris le pouvoir à Bangui en mars 2013.
En réaction, des milices d'autodéfense anti-balaka, a dominante chrétienne, se sont formées.Très rapidement, elles ont attaqué sans distinction anciens rebelles et civils musulmans, à Bangui notamment, malgré la présence de la force de l'Union africaine et des soldats français.
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