La capitale centrafricaine était secouée mercredi par des tirs et des explosions aux abords de l'aéroport, où des manifestants ont érigé des barricades contre les opérations des forces française et africaines visant les miliciens anti-balaka.
Des tirs nourris d'armes automatiques et des explosions de roquettes et de grenades ont retenti dès le début de la matinée dans des quartiers voisins de l'aéroport de Bangui, où les forces française Sangaris et africaines de la Misca ont installé leurs états-major, a constaté un journaliste de l'AFP.De détonations sourdes de mortiers ont également été entendues.
Ces tirs opposaient des soldats de la Misca à des miliciens anti-balaka retranchés dans des quartiers proches de l'aéroport, a constaté un photographe de l'AFP.
Les anti-balaka, une milice composée en majorité de chrétiens, a pris les armes l'été dernier, au départ pour se défendre des exactions des combattants Séléka, pour la plupart musulmans, alors au pouvoir, notamment dans les provinces.
Mais rapidement les anti-balaka se sont livrés aussi à des représailles contre les civils musulmans, accusés de complicité avec l'ex-rébellion qui a renversé le président François Bozizé en mars 2013.
La lutte contre les anti-balaka, auxquels la nouvelle présidente de transition centrafricaine Catherine Samba Panza a promis de "faire la guerre", est devenue l'une des priorités des forces internationales.
Mercredi, des balles ont sifflé près des soldats français qui gardent l'entrée principale de la zone aéroportuaire et qui se sont mis en position de riposter tandis que que les tirs provoquaient des mouvements de foule dans les quartiers avoisinants.
Cette nouvelle flamblée de violences a contraint une délégation de haut rang des Nations unies à annuler un déplacement prévu mercredi dans la ville de Bossangoa (250 km au nord-ouest de Bangui).
- Déplacés réfugiés à l'aéroport -
Une centaine de personnes vivant dans l'immense camp de déplacés qui jouxte l'aéroport sont venues se réfugier dans l'aérogare, entraînant une intervention des soldats français qui leur ont demandé de retourner dans le camp.
Des petits groupes de manifestants protestant contre les opérations de la force française Sangaris contre les miliciens anti-balaka ont eux érigé des barricades sur le principal axe menant à l'aéroport.
A la mi-journée, les forces internationales "progressaient le long du boulevard pour dégager les barricades", a-t-on indiqué de source militaire française.
A quelques centaines de mètres de l'entrée de l'aéroport, 200 à 300 jeunes hommes avaient dans la matinée dénoncé avec véhémence l'action des forces internationales et la politique des autorités de transition.
De source militaire, les premières barricades ont été érigées mardi soir sur le boulevard menant à l'aéroport où sont basées les forces Sangaris et Misca.Des blindés français les ont enlevées à plusieurs reprises, mais dès leur passage terminé des manifestants les réinstallaient.
Pendant la nuit et en début de matinée, des tirs d'origine indéterminée avaient également été entendus dans le quartier de Boy-Rabe, fief des anti-balaka, et vers la sortie nord de la ville.
- "Plus d'hommes, plus de moyens -
Ces troubles surviennent dans un contexte de tension croissante entre forces internationales et anti-balaka.
Dimanche un accrochage entre miliciens et soldats de la Misca avait ainsi fait 11 morts dans le village de Cantonnier (ouest), frontalier avec le Cameroun.
Samedi, les forces internationales avaient lancé une vaste opération de désarmement des anti-balaka, interpellant certains de leurs chefs sans parvenir à arrêter celui qui se présente comme leur "coordonnateur politique", Patrice Edouard Ngaissona.
Le président tchadien Idriss Déby - acteur politique et militaire majeur dans la région - a appelé mardi les Nations unies à fournir "les moyens nécessaires" à une sortie de crise en Centrafrique.
"Il faudra plus d'hommes, plus de moyens (...) et quelle est l'institution qui a les moyens nécessaires pour gérer ce genre de situation ? Il faut aller vers les Nations Unies pour avoir les moyens nécessaires pour tirer la RCA (République centrafricaine) vers la sortie de chaos actuel", a-t-il plaidé lors d'une conférence de presse.
La France a déployé début décembre 1.600 hommes en Centrafrique, mais ce contingent qui agit officiellement en soutien des 6.000 hommes de la Misca n'a pas permis de faire cesser les violences entre communautés chrétienne et musulmane.
La France a annoncé l'envoi de 400 soldats supplémentaires et l'Union européenne envisage de doubler les effectifs de sa future mission, de 500 à 1.000 hommes.
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