La situation restait très tendue mardi dans Bangui, frappée depuis trois jours par une vague de violences intercommunautaires difficilement contenues par les forces armées internationales et des appels au calme de la présidente Catherine Samba Panza.
"Je lance un appel au calme à vous mes compatriotes.Je vous demande de regagner vos domiciles.Je sais que quand je m'adresse à vous, vous m'écoutez", a lancé mardi matin la présidente de transition Catherine Samba Panza dans un message en langue nationale sango diffusé par la radio nationale.
Selon des sources proches de la présidence, Mme Samba Panza, qui participait à New York à l'Assemblée générale des Nations unies, était attendue mardi en fin de journée à Bangui.
"Nous verrons ensemble comment sortir de ces nouvelles violences", a-t-elle indiqué dans son message.
Selon le Haut-commissariat aux Réfugiés de l'ONU, les violences ont déja fait 36 morts.Médecins sans frontières (MSF) avait évoqué lundi 21 tués et "plus de 100 blessés', tandis que l'Unicef faisait état d'"une trentaine de tués".
Pour la troisième journée consécutive, la capitale centrafricaine était paralysée mardi par des barricades tenues par des manifestants réclamant notamment la démission de la présidente après les violences du week-end, suivies de pillages dans plusieurs quartiers.
Des habitants signalaient l'arrivée dans Bangui dès lundi soir de groupes d'anti-balaka, ces miliciens chrétiens et animistes qui, depuis les tueries de masse de 2013/2014, se sont opposés à la rébellion Séléka composée de musulmans, avant de faire la chasse aux musulmans habitants dans la capitale à la chute de la Séléka.
"Ils sont positionnés par groupes, armés de machettes, dans les rues des 8ème et 5ème arrondissements", affirmait mardi à l'AFP l'un des rares habitants à s'être aventuré hors de chez lui.
Selon lui, ces miliciens se positionnaient non loin du PK-5, le quartier commerçant de la ville qui représente le dernier bastion des musulmans restés dans Bangui.
C'est d'ailleurs l'assassinat d'un jeune conducteur musulman de moto-taxi du PK-5 qui a mis le feu aux poudres samedi, suivi de violentes représailles à coup de grenades et de fusils de la part des musulmans contre les chrétiens des quartiers avoisinants.
Faute de désarmement effectué par les forces française Sangaris et onusienne Minusca, beaucoup d'armes lourdes et légères, de grenades, circulent toujours dans Bangui.
Ces forces internationales isolent les quartiers les plus chauds du reste de la ville.L'un des soldats français "pris à partie par un tireur isolé, a été très légèrement blessé (dimanche) et évacué vers la France", a-t-on indiqué mardi de source militaire à Paris.
Nombre d'habitants restaient cloîtrés dans leurs maisons, de crainte de nouvelles violences ou d'être attaqués par des pillards.Au total, selon le HCR, 27.000 Banguissois ont également fui leur domicile pour se mettre à l'abri dans des camps de déplacés, notamment près de l'aéroport, où sont basées les forces internationales.
Dans la nuit, des bâtiments des ONG Première urgence ou Cordaid ont notamment été la cible de pillards ainsi que des locaux du Programme alimentaire mondial de l'ONU (PAM), selon la gendarmerie centrafricaine, qui indique avoir repoussé des pillards devant plusieurs locaux d'ONG.
Dans un entretien à RFI mardi, la présidente a mis en cause "des anciens dignitaires qui veulent revenir au pouvoir et qui pensent qu'en déstabilisant le pays, le terrain leur sera plus favorable pour revenir au pouvoir, parce qu'ils savent qu'ils ne peuvent pas tenir le processus électoral".
Elle faisait ainsi allusion notamment à l'ex-président François Bozizé et à son tombeur en mars 2013, le chef de la Séléka Michel Djotodia, tous deux sous le coup de sanctions internationales et qui ne peuvent prétendre à des mandats électifs.
Le renversement du président Bozizé par la Séléka a plongé l'ex-colonie française, un des pays les plus pauvres au monde, dans sa plus grave crise depuis son indépendance en 1960, déclenchant des tueries de masse entre communautés musulmanes et chrétiennes en 2013 et 2014.
Le niveau des violences a depuis considérablement baissé, mais de nombreux groupes armés continuent de sévir.
Des élections présidentielle et législatives doivent être organisées avant la fin 2015. Un referendum sur l'adoption d'une nouvelle Constitution - préalable à toute élection - était fixé au 4 octobre.Or les opérations de recensement électoral ne sont toujours pas achevées, alors que le 1er tour de la présidentielle avait été fixé au 18 octobre.
"Nous allons tenir nos engagements pour organiser ces élections dans les meilleurs conditions possibles en 2015", a cependant déclaré à ce sujet la présidente dans son entretien avec RFI.
Enfin, la République démocratique du Congo a annoncé mardi avoir fermé sa frontière avec la Centrafrique à la suite de ce regain de violence.
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