Ce tournoi --qui réunit 16 équipes nationales africaines évoluant sans leurs stars jouant hors du continent-- constitue une répétition générale avant la Coupe d'Afrique des nations (CAN), la compétition-phare du foot africain prévue en janvier 2022.
Il s'agit du premier grand tournoi de football international organisé dans le monde depuis le début de la pandémie du Covid-19.Mais au-delà des restrictions sanitaires (jauge à 25% des places, 50% à partir des demi-finales, le grand défi pour les organisateurs est celui de la sécurité, dans ce pays en situation de guerre sur une partie de son territoire.
Depuis quatre ans, les régions anglophones du Sud-Ouest et du Nord-Ouest sont en proie à un sanglant conflit entre groupes armés qui réclament l'indépendance de ces zones anglophones et forces de sécurité.Les violences ont fait plus de 3.000 morts et plus de 700.000 déplacés, les civils sont pris en tenaille et victimes de crimes et d'exactions des deux camps, selon des ONG internationales et l'ONU.
Certains groupes armés ont promis de perturber le CHAN.Alors le long des berges du Moungo, qui fut aussi le symbole de la réunification en 1961 des Cameroun placés sous mandats français et britannique au sortir de la Première Guerre mondiale, les effectifs policiers et militaires ont été considérablement renforcés.
- "Etat d'alerte" -
Alors que la phase de qualification pour les quarts de finale s'achève, les craintes redoublent à Limbé, chef lieu de la région du Sud-Ouest qui abritera l'une des demi-finales, comme à Buea, site d'entraînement de certaines sélections.
Mardi et mercredi, à l'approche du match Zambie-Namibie à Limbé, les bourgades situées sur la route reliant cette station balnéaire à Douala étaient quasi-désertes.
Les séparatistes armés, baptisés "Amba Boys" du nom de la république d'Ambazonie qu'ils aimeraient proclamer une fois l'indépendance arrachée, proclament chaque lundi "ville morte" dans les deux régions, interdisant, là où ils le peuvent, toute activité.
Depuis l'ouverture du CHAN, les "villes mortes" ("ghost town") sont décrétées chaque jour et veille de match à Limbe.
D'ordinaire très animées, les petites villes de Tiko et Mutengene, entre Buea et Limbe, s'étaient calfeutrées mercredi.
"C'est normal que l'on soit en état d'alerte.Les ennemis de la paix sont là, toujours actifs malgré tout", commentait un officier de police à Buea.
Sur la route comme à Buea, à grande vitesse ou au pas, les patrouilles de blindés légers quadrillent la ville, mitrailleuses prêtes à faire feu.
A Molyko, le boulevard qui coupe Buea en deux, gît la carcasse calcinée d'une voiture. Quatre autres épaves calcinées gisent encore sur le chemin vers Limbé.
Les convois de militaires sont parfois visés par des IED, des explosifs improvisés disposés en bordure de route.
- Bombe -
En novembre, des séparatistes présumés avaient attaqué une école de Limbé, mettant le feu à deux salles de classe et forçant enseignants et élèves à se déshabiller.
En descendant la montagne vers Limbé, comme dans certaines zones ultra-sécurisées de Buea, la vie paraît plus normale cependant.Des grappes d'écoliers et de lycéens regagnent la maison après une journée de classe.Commerces et bars font le plein.
Mais à Limbé, quand les matches approchent, la peur est bien présente.
Mardi, "tout le monde s'est mis à l'abri après l'explosion d'une bombe", qui n'a pas fait de blessés, non loin du stade, témoigne Harris, 19 ans, encore sous le choc."Par prudence", ce fan du ballon rond n'est pas allé voir Zambie-Namibie comme il le prévoyait.
"Sur le plan sécuritaire, tout se passe bien", affirmait mercredi à l'AFP le gouverneur du Sud-Ouest, Bernard Okalia Bilaï, à la mi-temps de Zambie-Namibie, qui accueillait environ un millier de spectateurs."Nous n'avons enregistré aucun incident qui aurait perturbé notre programme", assure-t-il.
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