Le président congolais Denis Sassou Nguesso, qui cumule 32 ans de pouvoir à la tête de son pays, a été réélu au premier tour pour un nouveau mandat de 5 ans avec 60,39% des voix, selon les résultats officiels publiés jeudi et contestés par ses deux principaux concurrents.
L'annonce officielle de la victoire de M. Sassou Nguesso au scrutin de dimanche est tombée peu après 03h30 du matin (O2h30 GMT) à la télévision nationale, alors que le pays était privé de télécommunications depuis plus de quatre jours.
Les autorités avaient annoncé la coupure de services SMS, d'internet et de téléphone la veille du scrutin pour des raisons de "sûreté nationale" afin d'empêcher l'opposition de commettre une "illégalité" en publiant elle-même les résultats de l'élection.
Après l'annonce des résultats, les télécommunications ont été rétablies progressivement dans la matinée.
Selon le décompte officiel, Guy-Brice Parfait Kolélas arrive deuxième avec de 15,05% des voix, devant le général Jean-Marie Michel Mokoko (13,89%).
Ce dernier a lancé jeudi un "appel à la désobéissance civile généralisée", demandant aux Congolais de réclamer [leur] vote confisqué et volé", sans préciser les formes que pourrait prendre cette action.
"Ce n'est pas un appel à manifester, l'opposition ne veut pas un bain de sang.Il est demandé à la population de ne pas aller au travail, c'est une grève générale, une protestation pacifique", a déclaré à Paris Me Norbert Tricaud, un des avocats de celui qui était jusqu'en février conseiller du président Sassou Nguesso pour les affaires de paix et de sécurité.
"Notre constitution ne prévoit pas la désobéissance civile [...] quand on lève ce genre d'appel, on s'expose aux rigueurs de la loi", a mis en garde le porte-parole du gouvernement, Thierry Moungalla.
- 'fraude massive' -
Le général Mokoko et M. Kolélas sont deux des cinq participants à la présidentielle de dimanche (sur un total de neuf candidats) ayant signé une alliance contre M. Sassou.
Tout en estimant que sa réélection relevait d'une "fraude massive", le porte-parole de M. Kolélas, Vivien Manangou, a indiqué que ce dernier ne comptait pas "entrer dans une épreuve de force" avec le pouvoir, répétant que son candidat était déterminé à contester les résultats officiels par les voies légales.
Les candidats disposeront de 15 jours après le dépôt des résultats officiels à la Cour constitutionnelle (chargée de les valider) pour introduire leurs recours.
Ayant dénoncé par avance le caractère biaisé, selon eux, du scrutin, les candidats du pacte anti-Sassou avaient appelé le peuple à "exercer sa souveraineté" dans le cas où M. Sassou l'emporterait dès le premier tour, comme celui-ci l'avait martelé pendant la campagne.
Pour tenter de contrer un pouvoir qu'ils accusent de tricherie, ils avaient créé une "Commission technique électorale" (CTE) chargée de surveiller le scrutin et de compiler les résultats des bureaux de votes sur la base de leurs procès-verbaux afin de les comparer à ceux de la Commission nationale électorale indépendante (CNEI).
Sur la base de ces données, l'opposition dit avoir la "certitude" de l'élimination de M. Sassou Nguesso et de la nécessité d'un deuxième tour.
- 'Débat démocratique' -
Mercredi, la CTE avait donné lecture à la presse de ce qu'elle estime être les résultats réels dans un grand nombre de circonscriptions mais n'avait pas été en mesure de fournir une estimation de résultats à l'échelle nationale.
M. Sassou Nguesso - dont la candidature a été rendue possible par un récent changement de constitution qualifié de coup d'Etat électoral par l'opposition - a estimé jeudi que le peuple congolais avait "pris son destin en main" et jugé que la campagne électorale avait donné lieu à un "débat démocratique [...] très ouvert".
Dans l'après-midi, un millier de ses partisans se sont réunis sur un terrain de football de l'est de la capitale.
Alors que la vie semblait reprendre progressivement un cours normal à Brazzaville, où de très nombreuses boutiques étaient restées fermées après le vote de dimanche, l'opposition, qui est apparue au cours des derniers jours désunie sur la conduite à tenir, a convié la presse à une conférence de presse commune des cinq candidats du pacte anti-Sassou vendredi matin.
Mercredi, deux journalistes de l'AFP et un confrère du journal Le Monde couvrant l'élection présidentielle ont été molestés par des hommes se présentant comme des policiers.La France a réclamé des explications au gouvernement congolais, demandant que "toute la lumière soit faite sur cet incident"
Le département d'Etat américain a explicitement condamné l'agression appelant Brazzaville à "assurer le respect des libertés d'expression, de rassemblement et de mouvement".
Les trois journalistes ont été reçus par M. Moungalla, qui a dit condamner "fermement l'agression" et promis d'oeuvrer pour élucider cette affaire.
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