Les rivaux du second tour de la présidentielle ivoirienne de dimanche, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, achevaient vendredi leur campagne par de vastes rassemblements à Abidjan, au lendemain d'un débat télévisé qui a fait baisser la tension après la mort d'un jeune.
Des milliers de partisans du président Gbagbo et de l'ex-Premier ministre Ouattara étaient réunis dans la liesse pour leur champion respectif sur les lieux de meetings conçus comme des démonstrations de force.
La campagne qui s'achève officiellement vendredi soir aura été marquée par une nette montée de la tension, contrastant avec l'avant-premier tour du 31 octobre, qui s'était tenu sans gros incident ni éclats de voix.
Cette fois-ci, alors que l'élection est destinée à enterrer une décennie de crises politico-militaires, les deux finalistes, qu'opposent des contentieux lourds et anciens, ont durci leur discours, s'accusant mutuellement de "coups d'Etat" et de "violence politique".
Surtout, des échauffourées entre jeunes militants des deux "grands" ont ponctué quasi-quotidiennement la campagne à Abidjan et dans l'intérieur du pays.
Cette détérioration du climat a culminé jeudi avec la mort d'un partisan de M. Gbagbo dans son fief du centre-ouest lors de nouveaux heurts.
Le président sortant a créé la surprise jeudi soir, lors d'un débat télévisé historique avec son rival, en annonçant un couvre-feu au soir du second tour.
L'atmosphère actuelle "n'est pas bonne" mais "toutes les dispositions seront prises pour que cette élection puisse se terminer avec le sourire aux lèvres", a-t-il promis, affirmant que cette mesure-choc était destinée à "rassurer" la population.
M. Ouattara, qui avait d'abord critiqué cette décision sur un ton mesuré, a promis vendredi qu'il n'y aurait "pas de couvre-feu" à des sympathisants rassemblés devant l'un de ses QG.
Médiateur dans la crise ivoirienne, le président burkinabè Blaise Compaoré "arrive demain (samedi à Abidjan) précisément pour s'assurer" que cette mesure ne sera pas mise en oeuvre, a affirmé le candidat sous les applaudissements de la foule.
Cependant, l'heure paraissait vendredi à une certaine détente, au lendemain d'une joute télévisée qui a déçu les prophètes de malheur.
Le débat diffusé par la télévision publique s'est déroulé dans le calme et une atmosphère presque cordiale.Entre "frères", selon l'expression des deux hommes, qui durant la semaine écoulée avaient été prodigues en accusations réciproques.
De nombreux Ivoiriens se réjouissaient vendredi du "fair-play" des candidats, qui excepté sur l'histoire récente, ont exprimé beaucoup d'accords, en particulier sur les remèdes à apporter à un pays abîmé par des années de tourmente.
"Du grand art!", s'enthousiasmait le quotidien d'Etat Fraternité-Matin, saluant "une rencontre dans le respect et la courtoisie".Les candidats "donnent le bon ton pour le dimanche", respirait L'Inter (privé).
L'issue de cette élection six fois repoussée depuis la fin du mandat de M. Gbagbo en 2000 demeurait totalement incertaine.
Avec respectivement 38% et 32% le 31 octobre, aucun prétendant ne peut tenir la partie pour gagnée et chacun espère avoir séduit les électeurs - baoulé du centre, en particulier - qui avaient choisi Henri Konan Bédié.
L'ex-président, arrivé troisième, a appelé à voter pour son allié Alassane Ouattara, mais le camp Gbagbo pensait pouvoir engranger les dividendes des nombreux gestes faits par leur candidat à l'égard des baoulé durant l'entre-deux-tours.
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